mardi 13 novembre 2018

Achats de novembre 2018


Agatha Raisin : La quiche fatale
Auteurs : BEATON M.C.

Paris : Albin Michel, 2016



Sur un coup de tête, Agatha Raisin décide de quitter Londres pour goûter aux délices d'une retraite anticipée dans un paisible village des Costwolds, où elle ne tarde pas à s'ennuyer ferme.
Afficher ses talents de cordon-bleu au concours de cuisine de la paroisse devrait forcément la rendre populaire. Mais à la première bouchée de sa superbe quiche, l'arbitre de la compétition s'effondre et Agatha doit révéler l'amère vérité : elle a acheté la quiche fatale chez un traiteur.
Pour se disculper, une seule solution : mettre la main à la pâte et démasquer elle-même l'assassin.

Souvenirs effacés

Auteurs : STROBEL Arno
Trad. de l' allemand par Céline Maurice.
Paris : l'Archipel, 2018
321p. Collection : Suspense


Ratisbonne, 2008. Sybille se réveille dans un étrange hôpital. Son esprit est confus, mais elle est certaine qu'on vient de lui enlever son petit garçon. Un médecin lui explique qu'elle sort d'un coma de deux mois. Elle ne le croit pas, s'enfuit et retourne chez son mari, qui ne la reconnaît pas – ni d'ailleurs aucun de ses proches, malgré les détails véridiques qu'elle fournit. La voici à la rue, à la merci de policiers et de médecins inquiétants, cependant des aides providentielles surgissent. Providentielles, vraiment ?…
Étrange thriller que ce roman d'Arno Strobel (Enterrées vivantes, NB juillet-août 2017) où la violence reste sourde et où croît l'angoisse : dans sa vie devenue un désert, avec des souvenirs démentis par la réalité, l'héroïne, fragile et attachante, parfois désespérée, tente d'introduire une logique dans la « fiction » où elle se débat. Tous affirment qu'elle n'a pas d'enfant, ce qu'elle n'accepte pas et elle se demande qui elle est réellement. Une victime, certainement, mais de qui, et surtout pourquoi ? Autour d'elle les personnages sont de plus en plus ambigus et inquiétants. Jusqu'à la fin, le lecteur s'interroge et espère, grâce à une écriture psychologique pleine d'empathie.  (E.B. et M.-C.A.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


À son image
Auteurs : FERRARI Jérôme
Arles : Actes Sud, 2018
224p. Env.


Antonia est corse. Dès sa prime jeunesse la photo l'intéresse. Son parrain qui est aussi son oncle lui offre son premier appareil. Grâce à la confiance et l'affection qu'ils ont l'un pour l'autre, elle progresse et parvient, malgré les réticences de ses parents, à en faire son métier. Bientôt, les événements violents des années quatre-vingt-dix, tant sur l'île qu'en Europe centrale, modifient en profondeur sa perception de la vie.
Antonia n'est pas une esthète, c'est une jeune femme pleine de curiosité et de passion lucide pour l'humain. Une interrogation sous-tend sa courte vie : capter ou non l'instant, un visage, une scène, les fixer sur papier, pourquoi ? Et surtout pour qui ? Derrière ce questionnement persistant se déploie une recherche obstinée de sens. Dans ses reportages, elle se sent tiraillée entre l'absurdité des attentats, de la guerre avec leur cortège d'atrocités gratuites, d'apathie peureuse, et la vacuité des rites familiaux, baptêmes, mariages, dans une société dont elle est pourtant proche. D'admirables pages de réflexion sur la nécessité de l'image émaillent ce trop bref roman. L'auteur (Il se passe quelque chose, NB juin 2017) les écrit au rythme poignant de l'office des morts, murmuré par les survivants éplorés de cet immense gâchis. (A.Lec. et B.T.)
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Roissy
Auteurs : TAVERNIER Tiffany
Paris : Sabine Wespieser, 2018
276p.
L'aéroport de Roissy est le cadre rassurant dans lequel elle a choisi de vivre déguisée en passagère après un traumatisme qui l'a rendue amnésique. Pour combler un vide intérieur insupportable, elle passe ses journées à explorer ce lieu où se croisent toutes les nationalités jusqu'au jour où elle rencontre Luc, un veuf inconsolable qui vient chaque jour attendre le vol Rio-Paris. Tandis que l'un tente d'oublier sa femme morte accidentellement, l'autre peine à retrouver la mémoire.
Tiffany Tavernier (Isabelle Eberhardt, un destin dans l'islam, NB mars 2017) situe l'héroïne de son roman, écrit à la première personne, dans un univers à part, hors du temps et du monde. La narratrice égrène toutes les informations qu'elle a glanées sur les terminaux qu'elle fréquente assidûment. Gravitent autour d'elle des clandestins qui n'envisagent plus de vivre ailleurs. L'auteur restitue l'angoisse d'une femme qui s'invente de multiples identités, tout en se débattant avec des souvenirs douloureux qui affleurent peu à peu ; mais elle peine à la faire partager tant sont éclatés les lieux et les visages. En écho, l'écriture polyphonique du roman renvoie une image quelque peu inquiétante du monde moderne. (A.K. et A.Be.)
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Grand Paradiso

Auteur : BOURDIN Françoise
Editeur : Belfond, 2018
Lorenzo, un séduisant trentenaire au caractère bien trempé, est aussi un vétérinaire passionné. Des années plus tôt, son grand-père lui a laissé en héritage des hectares de friche dans le Jura, et il s'est lancé dans un grand projet d'aménagement d'un parc naturel. Basé sur le respect de la faune sauvage et sur la possibilité pour le public de l'approcher au plus près, son parc voit bientôt le jour. Pour asseoir son succès et le pérenniser, Lorenzo doit cependant trouver de nouveaux financements...
C'est vers sa famille, et plus particulièrement vers son beau-père Xavier qu'il se tourne d'abord, sans grand succès. Les relations de Xavier et Lorenzo, né du premier mariage de sa mère, Maude, ont toujours été houleuses, et ce malgré les efforts de Maude et de ses demi-frères et sœurs. Xavier lui reproche d'être une forte tête, peut-être à cause des origines italiennes de son père, décédé brutalement dans un accident de voiture...
Lorsque Julia, l'amour de jeunesse de Lorenzo, refait surface, celui-ci décide de l'embaucher comme vétérinaire pour travailler à ses côtés. La jeune femme ravive en lui des sentiments qu'il croyait oubliés, à tel point qu'il songe à la reconquérir...


Messagère de l'ombre

Auteurs : CROZES Daniel
Rodez : Ed. du Rouergue, 2018
377p.



Après quelques mois de mariage, Pauline voit son mari partir au front en 1940. Elle s'installe alors dans la maison de ses parents à Villefranche-de-Rouergue, et aide son père pharmacien sollicité par l'afflux des réfugiés. Son mari est tué, la voilà veuve à vingt-trois ans. Après l'armistice viennent les premières mesures du gouvernement de Vichy. Avec l'aide d'un ami libraire, elle distribue des tracts anti-pétainistes. Quand une partie des collections du Louvre est convoyée vers l'Aveyron, elle noue une relation avec Constant, le conservateur. Leurs opinions et leurs sentiments les rapprochent…
Historien, Daniel Crozes (Lendemains de Libération, NB décembre 2017) propose une chronique familiale au début de la guerre, puis sous l'occupation allemande. Il donne corps au quotidien des Français : l'inquiétude, le peu de nouvelles, la tristesse et la déception, la montée de la résistance. Et bientôt le rationnement alimentaire, les divisions partisanes, la présence de la milice, le courage et les risques assumés des opposants. L'écriture est fluide et rend compte longuement des modes de vie et de leur bouleversement pendant cette période tourmentée. Une lecture agréable, un peu conventionnelle, quoique bien documentée. (C.M. et M.-A.B.)
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Manuel de survie à l'usage des jeunes filles
Auteurs : KITSON Mick
Trad. de l' anglais par Céline Schwaller.
Paris : Ed. Métailié, 2018
246p. Collection : Bibliothèque écossaise
Sal et Peppa, deux fillettes de treize et dix ans, ont fui le domicile familial, une mère droguée et alcoolique et surtout un beau-père escroc et pédophile, que Sal a supprimé. Elles ont installé leur campement dans une forêt profonde d'Écosse. Sur la toile, Sal a préparé minutieusement leur départ en choisissant matériel, équipement et provisions et en acquérant réflexes et connaissances indispensables à la survie : elle sait construire un abri, allumer le feu, soigner les blessures... Mais quelle peut être l'issue de cette escapade ?
L'auteur écossais de ce premier roman trouve le ton juste pour camper une adolescente aguerrie par les épreuves de la vie, déterminée à protéger sa jeune soeur à tout prix, attachée à une mère à la dérive. Face à la petite soeur espiègle, il en fait une héroïne touchante, capable de tout surmonter par amour. La rencontre avec Ingrid, médecin transfuge d'Allemagne de l'Est, fournit une référence adulte à leur univers. La description des paysages sauvages des Highlands ponctue agréablement un récit bien rythmé mais trop souvent réduit à une succession de petits faits terriblement répétitifs. D'une lecture facile et agréable, une histoire édifiante sur le courage de l'enfance, sur la nature qui sauve… (J.D. et M.Bo.)
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Tenir jusqu'à l'aube

Auteurs : FIVES Carole
Paris : Gallimard, 2018
192p. env. Collection : l'arbalète


Son compagnon l'a quittée. Seule avec son bébé au dernier étage d'un immeuble dans un quartier agréable de Lyon, elle essaie de concilier le quotidien, l'éducation de son enfant et le manque affectif. Son travail en free-lance se raréfie et l'engrenage de l'insolvabilité la rattrape. La tentation est grande de fuir isolement et lien fusionnel avec l'enfant, la nuit lorsqu'il dort. Mais à quel prix ?
Carole Fives (C'est dimanche et je n'y suis pour rien, NB janvier 2015), auteur de livres pour adultes et jeunes, plasticienne et vidéaste, sait parfaitement nous faire partager la détresse de ces nouvelles victimes « transparentes » de la société moderne. Le processus de désocialisation de la mère célibataire sans emploi, expulsée de son logement, avec les huissiers ou le personnel de la crèche comme seuls contact, est fulgurant. Un enchaînement de courts chapitres rythmés par l'histoire de la chèvre de Monsieur Seguin, et les voix de sirènes sur les forums internet attisent le sentiment d'angoisse grandissant devant cette spirale infernale. Un sujet un peu mince traité avec réalisme.  (S.D. et M.-N.P.)
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Organigramme

Auteur : PONS Jacques
Editeur : Hugo et compagnie, 2018
La vision sans exécution n'est qu'hallucination.
Telle est la devise du célèbre patron de la Maison Louis Laigneau, fleuron du luxe français. Martelée en chaque occasion, de séminaires de créativité entre beautiful people en conference calls des membres du CoDir, elle va également devenir celle d'un tueur dont le seul but est d'anéantir de façon brutale, méthodique et cruelle l'intégralité de l'entreprise et de ses salariés.
Quelles sont ses motivations ? Quelles sont réellement ses cibles ? Pourquoi un tel déferlement de haine froide ?
Une chose est sûre: rien ni personne ne sera épargné dans la réalisation de ce mortel projet.




















Ses 4 derniers livres sont proposés pour le prix HORS CHAMP :
Vous les lisez tous et nous dites celui que vous préférez !

Jusqu'à la bête
Auteurs : DEMEILLERS Timothée
Paris : Asphalte éditions, 2017
149p.
De la prison où il purge une peine de 18 ans, Erwan ressasse les raisons qui l'ont amené là : de CDD en CDI, il a décroché le graal, un emploi à l'abattoir du Lion d'Angers. Dans le froid glacial de la zone frigorifique, il oriente les carcasses ensanglantées suspendues à la crémaillère qui les mène jusqu'à l'atelier de découpe. Du sang, du bruit, des cadences et la misère des blagues salaces qui pimentent les  pauses, nourrissent un désespoir larvé que l'échec d'une aventure sentimentale vient conforter.
D'une prison l'autre ! Bel effet de construction romanesque. À l'abattoir dont la description vous hante longtemps, succède la centrale, réplique de la vie d'avant, avec le même ennui, la même solitude et la remémoration en boucle de quelques images heureuses. De quoi éviter le naufrage quand l'esprit est vaincu et le coeur abîmé par l'indifférence et le cynisme d'un système qui broie les hommes. La cause animale a plus de défenseurs ! Le texte file, émotion contenue, dans le soliloque halluciné de longues phrases mezza voce, pour raconter le processus exécrable qui conduit à la résignation. Il a l'élégance de dénoncer sans effet de manche.  (C.B. et R.F.)
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Trouville Casino
Auteurs : MONTALBETTI Christine
Paris : POL, 2018
247p.
Le 25 août 2011, l'ambiance estivale tranquille d'un début d'après-midi à Trouville vole en éclats. Un braquage à main armée est en cours au casino. Stupeur des premiers témoins : c'est un vieux monsieur seul qui s'enfuit avec son maigre butin dans sa propre voiture, après avoir tiré sur un policier. Cavale, prise d'otage. Qui est-il, d'où vient-il, pourquoi ce geste ? Une romancière qui connait bien les lieux décide, pour comprendre, d'aller plus loin que les maigres comptes rendus dans les médias d'un fait divers local vite oublié.
Christine Montalbetti (La vie est faite de ces toutes petites choses, NB novembre 2016) offre beaucoup plus que la retranscription minutée et minutieuse d'un casse improbable mais véridique. Sa narration va loin au-delà de la cocasserie relative du coup de folie d'un papy flingueur. Elle s'implique personnellement dans la recherche de la motivation du septuagénaire et nous prend en otages de ses découvertes et interprétations. Son écriture brillante, son goût pour la précision, ses digressions assumées, ses apartés, sont au service de l'hommage tendre et respectueux rendu à un homme ordinaire usé par le rétrécissement inexorable de son existence quotidienne et les inconstances du ciel normand. Original, inattendu, profond et poignant.     
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Berlin on/off

Auteurs : SYRAC Julien
Meudon : Quidam Éditeur, 2018
126p.



Accompagnateur de poète, modèle vivant ou apprenti sculpteur ; des petits boulots pour ce jeune Français débarqué à Berlin avec un bagage artistique modeste et un sens des réalités approximatif. Comment reconnaître et accueillir une poétesse israélienne à l'aéroport sans sa photo ? Poser nu dans un atelier devrait s'avérer plus facile, quoique, pour un homme ! Entre l'extravagance slave d'un sculpteur d'art brut et les partisans de l'art minimaliste, pas facile de choisir son chemin en toute liberté.
Clin d'oeil aux bus touristiques berlinois Hop-on-Hop off ? À la ville elle-même avec ses contrastes ? Le jeune Français qui propose une promenade en trois tableaux dans la capitale allemande est assurément off. Il semble flotter dans des univers variés, d'un emploi à l'autre. Mais son regard lui est bien on, vif, acéré, prompt à ironiser sur les milieux littéraires ou artistiques, les modes, les tendances. Parce que l'homme se parle à lui-même, en passant avec une nonchalance feinte, il offre une lecture détendue et souriante d'un texte exigeant qui brille par son écriture et pétille d'intelligence. (A.-M.R. et C.B.)
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Sigma
Auteurs : DECK Julia
Paris : Les Ed. de Minuit, 2017
233p
À Genève, une Organisation secrète, Sigma, s'inquiète : un tableau du peintre subversif décédé, Konrad Kessler, menace de refaire surface. Il ne faudrait pas qu'il perturbe les rouages soigneusement huilés de la société suisse. L'Organisation dépêche un agent auprès d'Alexis Zante, banquier en crise existentielle, qui semble au centre de cette résurgence. Sont déjà sous surveillance la galeriste qui souhaite monter la rétrospective des oeuvres de Kessler, son mari, neurobiologiste qui milite pour l'égalité homme-femme de l'orgasme, et la soeur de celle-là, actrice en pleine gloire.
Spécialiste d'univers atypiques, Julia Deck (Le triangle d'hiver, NB octobre 2014), d'un ton léger et volontiers ironique, procède à une satire féroce des milieux artistiques, de la bourgeoisie d'affaires et de la famille. Présenté sous forme de comptes rendus détaillés rédigés par les différents agents de Sigma, et des réponses, fermes et laconiques, de celle-ci, le roman ressemble à un puzzle digressif qui se met en place autour du tableau disparu. Les personnages, cyniques, pathétiques, ridicules et parfois attachants, se manipulent les uns les autres avec plus ou moins de succès. Ludique et savoureuse, la critique sociale pétille de pertinence. (M.D. et C.B.)
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