mardi 24 novembre 2020

Achats de novembre


La famille Martin

FOENKINOS David

Gallimard, 2020

Collection : Blanche

240 pages


Genre : Fiction, Romans français

Famille, Écrivain, Recherche


Un écrivain en mal d'inspiration a l'intuition que la première personne croisée dans la rue serait un point de départ idéal pour sa prochaine œuvre. Et les Martin, de la grand-mère aux petits-enfants, deviennent, malgré eux, les héros d'un roman… 

En courts chapitres correspondant à chaque rencontre avec ses nouveaux personnages, David Foenkinos (Deux sœurs, Les Notes janvier 2019) propose une plongée dans l'intimité et les secrets d'une famille ordinaire, un peu bouleversée par la présence d'un biographe, confident inattendu. Distance et ton sarcastique accompagnent un scénario improvisé au quotidien. Vieillesse, usure des relations amoureuses, émois de l'adolescence et harcèlement au travail sont incarnés par chacun des membres de la famille. Les apartés sur Karl Lagerfeld, les constantes annotations ironiques désabusées de l'auteur ou les références au Polonais Markus, personnage récurrent de ses derniers romans, comblent mal les vides d'une déambulation littéraire agaçante et qui ne démarre jamais vraiment. (S.D. et J.M.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


Une chance sur un milliard

LEGARDINIER Gilles

Flammarion, 2020

432 pages


Public : Adultes, MRH

Genre : Fiction, Romans de détente


Amitié, Maladie, Destin

Adrien, jeune et brillant analyste statisticien, séparé de Cassandra, apprend qu'une maladie rare et foudroyante ne lui laisse guère plus d'une année de survie. Orphelin de père à onze ans, abandonné par sa mère, il a été élevé par des grands-parents aimants. Désireux d'accomplir son destin et ses rêves, il entame avec fougue sa « dernière mi-temps ». Il prend soin de lui et de ses proches.

L'écrivain (Pour un instant d'éternité, Les Notes novembre 2019) célèbre dix ans de succès littéraires en renouant avec la comédie. Il croque diverses tranches de vie à travers une douzaine de personnages dont les valeurs essentielles sont l'amour, l'amitié ou la générosité. Les scènes déjantées du héros avec son ami de collège font sourire, les visites à son grand-père en maison de retraite suscitent l'émotion, tout comme les rencontres avec son frère et son neveu. Sa vie sentimentale sert de fil rouge dans une construction bien scénarisée. De nombreuses images et comparaisons, parfois extravagantes ou cocasses, forcent le trait mais installent distance et dérision. Les situations, quelquefois improbables, se succèdent à un rythme soutenu et mènent à de bonnes actions. Une lecture légère, drôle et agréable. (J.D. et A.Be.)


Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


Une farouche liberté

COJEAN Annick

Grasset, 2020


Gisèle Halimi  : Soixante-dix ans de combats, d'engagement au service de la justice et de la cause des femmes. Et la volonté, aujourd'hui, de transmettre ce qui a construit cet activisme indéfectible, afin de dire aux nouvelles générations que l'injustice demeure, qu'elle est plus que jamais intolérable. Gisèle Halimi revient avec son amie, Annick Cojean, qui partage ses convictions féministes, sur certains épisodes marquants de son parcours rebelle pour retracer ce qui a fait  un destin. Sans se poser en modèle, l'avocate qui a toujours défendu son autonomie, enjoint aux femmes de ne pas baisser la garde, de rester solidaires et vigilantes, et les invite à prendre le relai dans le combat essentiel pour l'égalité à l'heure où, malgré les mouvements de fond qui bouleversent la société, la cause des femmes reste infiniment fragile.

Depuis l'enfance, la vie de Gisèle Halimi est une fascinante illustration de sa révolte de «  fille  ». Farouchement déterminée à exister en tant que femme dans l'Afrique du Nord des années 30, elle vit son métier comme un sacerdoce et prend tous les risques pour défendre les militants des indépendances tunisienne et algérienne et dénoncer la torture. Avocate plaidant envers et contre tout pour soutenir les femmes les plus vulnérables ou blessées, elle s'engage en faveur de l'avortement et de la répression du viol, dans son métier aussi bien que dans son association «  Choisir  la cause des femmes ». Femme politique insubordonnée mais aussi fille, mère, grand-mère, amoureuse… Gisèle Halimi vibre d'une énergie passionnée, d'une volonté d'exercer pleinement la liberté qui résonne à chaque étape de son existence.

«  Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque  »  : ces mots de René Char, son poète préféré, pourraient définir Gisèle Halimi, cette «  avocate irrespectueuse  », et sa vie de combats acharnés pour la justice et l'égalité.


La saga des Cazalet, Tome 2 : A rude épreuve

Auteur : HOWARD Elizabeth Jane

La table ronde, 2020

Septembre 1939. La Pologne est envahie et la famille Cazalet apprend l'entrée en guerre de l'Angleterre. À Home Place, la routine est régulièrement bousculée par les raids allemands. Louise rêve toujours de jouer Hamlet mais doit d'abord passer par une école de cuisine. Au grand dam de sa famille, elle fume, porte des pantalons, découvre la sexualité et fait ses débuts en tant qu'actrice dans un sinistre théâtre de province.

La saga continue… 


Buveurs de vent

BOUYSSE Franck

Albin Michel, 2020

391 pages


Public : Adultes

Genre : Fiction, Romans français


Fratrie, Style, Nature, Onirisme

Au Gour Noir, vallée hostile, la centrale électrique fait travailler les habitants du village sous la domination de Joyce, tyran omnipotent, cruel et pervers. Le viaduc est le lieu d'évasion pour une fratrie d'indissociables adolescents. Mathieu le rêveur, Marc le lecteur, Mabel solaire et sensuelle, et Luc, le simplet en recherche de l'Île au Trésor, s'y balancent au bout de cordes. Ils fuient un couple de taiseux, leur mère bigote et leur père violent. Liberté chèrement payée pour Mabel l'insoumise… Mais la révolte gronde, explose… Ce monde disparaîtra-t-il ? Les individus peuvent-ils se renouveler, se raccorder ?

La langue magique de Franck Bouysse (Né d'aucune femme, Les Notes avril 2019), son écriture travaillée, riche, où chaque mot juste dessine les personnages majeurs – dont un sage et merveilleux grand-père ou certains êtres hallucinés dans ce lieu cadenassé. Ce roman noir est éclairé par une lumineuse fratrie. Allégories, visions poétiques, fantasmagories s'associent pour glorifier la nature (on tuera pour la protéger) et la littérature. De nombreuses citations littéraires ou bibliques enrichissent une histoire troublante dont les rebondissements oscillent entre aventures proches du western et tragédies. La condition ouvrière ajoute une dimension sociale a ce récit puissant, sensible et charnel. (A.C. et C.-M.T.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


Térébenthine

FIVES Carole

Gallimard, 2020

Collection : Blanche

171 pages


Public : Adultes, MRH

Genre : Fiction, Romans français


Peinture, création artistique, XXIè siècle

Dans les années 2000, elle entame, avec Luc et Lucie, un cursus à l'école des Beaux-Arts de Lille ; mais le département de la peinture n'a plus le vent en poupe, délaissé au profit d'expressions artistiques plus contemporaines. Ils doivent affronter le mépris des autres étudiants qui les surnomment les « térébenthine » pour l'odeur qu'ils véhiculent, mais aussi celui du corps professoral qui relègue l'atelier dans les caves et les ostracisent. Les années de formation tournent au calvaire alors que les débouchés pour une activité professionnelle gratifiante restent aléatoires.

Elle-même peintre et vidéaste, l'auteure (Tenir jusqu'à l'aube, Les Notes juin 2018) prend prétexte des études éprouvantes de trois étudiants, enthousiastes mais naïfs, pour se livrer à une caricature du monde de l'art et de ses enseignants ! Si la critique est facile, snobisme, prétention et méchanceté sont croqués avec gourmandise et les théories de l'histoire de l'art, objet des difficultés existentielles du trio, tournées en dérision. Machisme, violences sexuelles et homosexualité sont au rendez-vous, et même le triste destin du peintre maudit. Le récit, enlevé, est mené à la deuxième personne du singulier, la narratrice s'adressant, sans jamais la nommer, à la troisième élève du groupe. Une satire simpliste, certes, mais divertissante et rondement menée, d'un milieu très fermé. (J.D. et A.Be.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


Le crépuscule et l'aube


FOLLETT Ken

Trad. de l'anglais par Céline Arnaud

Robert Laffont, 2020

851 pages


Public : Adultes

Genre : Fiction, Romans étrangers


Moyen âge, Angleterre, Cathédrale

En 997, les Vikings détruisent le port de Combe, ruinant les constructeurs de bateaux dont la famille d'Edgar qui échoue dans une ferme misérable. Le moine Aldred rêve d'enrichir la bibliothèque de son abbaye. Fille du comte de Cherbourg, Ragna traverse la Manche pour épouser Wilwulf, seigneur du comté de Shiring, dont elle est tombée amoureuse. Ces destins vont se croiser le long d'un fleuve au sud-ouest de l'Angleterre.

L'auteur anglais situe ce nouveau roman historique autour de Kingsbridge, lieu récurrent de ses précédents ouvrages (Une colonne de feu, Les Notes septembre 2017), mais en remontant à la veille de l'an 1000. L'analyse psychologique est un rien manichéenne : un artisan bâtisseur, ingénieux, sensible ; un religieux érudit, entreprenant ; une femme intelligente, énergique, intègre ; un noble flamboyant qui protège sa famille vénale et sans scrupules. Mais surgissent aussi d'innombrables personnages secondaires, vivants, modernes dans leur façon de penser, de sentir, de s'exprimer, parfaitement insérés dans le contexte historique. L'Angleterre paraît moins évoluée que la France car esclavage et polygamie subsistent et les constructions sont rudimentaires. Néanmoins, là aussi les Grands ponctionnent le petit peuple, l'Église abrite des dévoyés et le Roi peine à imposer la loi. Un récit impétueux et captivant où se côtoient amour et abjection, idéalisme et cynisme. (L.G. et S.L.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


Après le jour

Auteur : MOLMY Christophe

Editions de la Martinière, 2020

368 pages


Détenu en quartier d'isolement depuis trop longtemps, François Legal s'apprête à prendre la plus grande décision de sa vie : trahir les siens. Il n'a plus l'âge de courir après le fric facile et rêve d'une retraite paisible aux côtés de Diane, qui l'attend dehors. Tant pis pour l'honneur : il va devenir indic

Un roman policier rythmé et superbe, entre Engrenages et The Wire, qui entremêle les points de vue des flics et des truands. Une course dopée à l'adrénaline où chacun veut sauver sa peau.


Mémoire de soie

Auteur : BORNE Adrien

JC Lattès, 2020

250 pages




Ce 9 juin 1936, Émile a vingt ans et il part pour son service militaire.

Ce matin, sa mère n'a témoigné d'aucune tendresse particulière. Il y a juste ce livret, fourré au fond du sac de son fils, avant qu'il ne monte dans le bus pour Montélimar. Un livret de famille. À l'intérieur, deux prénoms. Celui de sa mère, Suzanne, et un autre. Baptistin. Ce n'est pas son père, alors qui est-ce ?

Pour comprendre, il faut dévider le cocon et tirer le fil, jusqu'à remonter au premier acte de cette malédiction familiale.


Le souffle de la nuit

Auteur : GALIEN Alexandre

Michel Lafon, 2020





Le nouveau roman d'Alexandre Galien, lauréat du prix du Quai des Orfèvres 2020

Des faubourgs de Barbès aux dorures des ambassades, entre prostitution et magie noire, le groupe de Philippe Valmy se reforme pour traquer un tueur sanguinaire qui met à vif les cicatrices du passé.


Ce qu'il faut de nuit

Auteur : PETITMANGIN Laurent

La manufacture des livres, 2020




198 Pages

C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent, et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux, ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.

Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d'hommes en devenir.




Ce livre est récompensé par le prix Stanislas 2020.


Disparaître

Auteur : MENEGAUX Mathieu

Grasset, 2020

216 pages



Une jeune femme met fin à ses jours à Paris, dans le XVIII° arrondissement.

Un homme est retrouvé noyé sur une plage, à Saint-Jean Cap Ferrat, sans que personne soit en mesure de l'identifier : le séjour en mer l'a défiguré, et l'extrémité de chacun de ses doigts a été brûlée.

Quel lien unit ces deux affaires ? Qui a pris tant de soin à préserver l'anonymat du noyé, et pour quelles raisons ? Qu'est-ce qui peut pousser un homme ou une femme à vouloir disparaître ?


Avec ce roman impossible à lâcher, Mathieu Menegaux rejoint ceux qui pensent que les histoires d'amour finissent mal, en général.


C'est arrivé la nuit

Auteur : LEVY Marc

Robert Laffond, 2020





Ils sont hors-la-loi

Mais ils œuvrent pour le bien

Ils sont amis et partagent leurs secrets

Pourtant ils ne se sont jamais rencontrés

Jusqu'au jour où...


Du côté des indiens

CARRÉ Isabelle


Grasset, 2020

Trahison, Adolescence, Cinéma


Ziad, dix ans, mène à Courbevoie une vie rassurante entre ses deux parents. Un jour, son père laisse l'ascenseur poursuivre sa course vers le dernier étage où l'attend Muriel, jeune et séduisante scripte. Ziad comprend ; son univers s'effondre, son imaginaire l'emmène loin jusqu'à cette jeune femme qui lui ouvre son cœur et le monde du cinéma. Et toute la vie du trio familial s'en trouve perturbée, défaite et refaite au gré des secrets et des regrets enfin révélés.

Ce nouveau roman d'Isabelle Carré fait la part belle au milieu du cinéma que la sympathique romancière connaît bien. Elle en évoque les professions mais aussi les navrantes perversions récemment dévoilées : abus sexuels, affaire Weinstein… L'histoire est relue au prisme de son parcours. Les personnages envisagent leur quotidien d'une manière chaotique. Pour se réaliser, ils se perdent dans des chemins parfois suicidaires, sachant que chaque minute compte et qu'il faut éviter d'être… les Indiens, c'est-à-dire les perdants du film. Un certain charme, mais trop de mots hasardeux pour analyser des personnalités, complexifiées comme à plaisir, noient ce roman aussi sensible que déstructuré. (A.C., C.-M.T. et C.G.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.





















samedi 10 octobre 2020

Achats d'octobre 2020


La brodeuse de Winchester

CHEVALIER Tracy

Trad. de l'anglais par Anouk Neuhoff

La Table Ronde, 2020

Genre : Fiction, Romans étrangers

Cathédrale

Southampton, 1932. Violet, trente-huit ans, dactylo, s'étiole sous l'autorité implacable d'une mère meurtrie par la perte d'un fils et insensible à la solitude de sa fille dont le fiancé est mort à la guerre. Elle part pour Winchester, dont la célèbre cathédrale s'enorgueillit d'une confrérie de brodeuses renommées et de sonneurs de cloches aux carillons très savants. Elle s'y revitalisera.


L'auteure (Le Nouveau, Les Notes février 2019) explore un univers très défini. La description minutieuse des techniques exigeantes indispensables à la confection des coussins et agenouilloirs apprend à Violet l'art des broderies personnalisées, inspirées des sculptures médiévales. Rude compétition pour laisser sa marque d'un travail inventif et parfait ! La bouleversante rencontre d'un carillonneur – hélas marié – ranime une affectivité ensommeillée mais vibrante et donne sens à une vie monotone rythmée par les offices et les ragots d'un entourage suspicieux. Tracy Chevalier réunit dans le titre de son nouveau roman deux personnages indissociables : la brodeuse, héroïne pudique, douloureuse et attachante, au portrait plein de finesse et de sensibilité, et la cathédrale, monument magistral aux richesses infinies dont elle souligne l'architecture et l'histoire. Elle nous offre une œuvre tendre et mélancolique, pénétrante. (A.C.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


La Vallée

MINIER Bernard

XO, 2020

Collection : Thriller

Genre : Fiction, Romans policiers

Pyrénées Huis clos Vallée

Atmosphère théâtrale en haute montagne, l'hélicoptère survole un corps sans vie. Dans la vallée, un appel au secours précipite Martin Servaz dans les Pyrénées, vers un passé qu'il tentait d'oublier. Une forêt dense, un monastère reclus, des habitants pris au piège d'un glissement de terrain et des meurtres d'une rare cruauté : quelque chose est à l'œuvre qu'il n'a jamais vu !

Ceux qui suivent Bernard Minier retrouveront avec enthousiasme les personnalités fortes croisées dans ses premiers romans : des femmes et des hommes qu'on n'oublie pas, hantés par leur passé, et qui ont évolué. Les ressusciter était un défi, habilement relevé. Dans une atmosphère en suspens dans laquelle la religion s'insinue, s'invitent les peurs et les haines, exacerbées par un huis clos aussi dangereux qu'angoissant. Après M, le bord de l'abîme (Les Notes avril 2019), l'auteur excelle à tisser une intrigue policière sur le canevas de notre société. Ambiance sociale tendue, rébellion face à l'autorité, pouvoir des réseaux sociaux… le monde est devenu le théâtre de toutes les tensions, et la vallée est désormais un lieu confiné où elles se déchaînent, en accéléré. Un polar dense, à l'écriture visuelle largement consacrée aux personnages féminins ; une lecture immersive dans laquelle le romancier nous égare pour mieux nous surprendre. (Maje et S.L.)


Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


L'énigme de la chambre 622

DICKER Joël


Éd. de Fallois, 2020

Genre : Fiction, Romans français

Meurtre Banque Palace


En 2018, Joël se rend au Palace, prestigieux hôtel de Verbier, pour se remettre d'une déception amoureuse et de la mort de son éditeur, Bernard de Fallois, auquel il tente de consacrer un livre. Il est loin de se douter qu'il va passer ses vacances, entraîné par une ravissante voisine, à enquêter sur un meurtre commis des années auparavant dans la chambre 622.

Verbier ! Une station de ski où il ne se passe jamais rien… C'est compter sans Joël Dicker, alias « l'écrivain », qui se met habilement en scène et ménage un suspense qui va crescendo jusqu'aux dernières pages. L'hommage appuyé à son éditeur, qui fut également son ami, s'intercale avec délicatesse dans une intrigue aux moult rebondissements. À l'égal de La disparition de Stéphanie Mailer (Les Notes mars 2018), Dicker prend son temps pour faire vivre une brillante galerie de personnages qui trouvent leur équilibre dans l'alternance des époques. Chantage, duplicité, trahison, machination ; l'auteur, doté d'un esprit méthodique, brouille les pistes sans jamais lâcher une intrigue au fort potentiel distrayant, qui brosse une époque révolue de luxe ostentatoire. Les convictions se muent en doute jusqu'à un épilogue qui livre sa vérité dans une ultime pirouette. (Maje et S.L.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


Étés anglais (La saga des Cazalet, 1)

HOWARD Elizabeth Jane

Trad. de l'anglais par Anouk Neuhoff

La Table Ronde, 2020


Genre : Fiction, Romans étrangers

Famille Couple Féminisme Angleterre Années 30



1937, les époux Cazalet s'apprêtent à recevoir, dans leur propriété du Sussex, leurs trois fils : Hugh, Edward et Rupert avec femmes, enfants et gouvernantes. Les parents et leur fille célibataire dirigent la nombreuse domesticité. Les deux aînés, combattants en 1914 – seul Hugh a été blessé – travaillent dans la prospère firme paternelle. Le cadet, veuf avec deux enfants, s'est remarié. Parties de tennis, balades à cheval, pique-niques à la mer rassemblent la famille. L'atmosphère s'assombrit avec les rumeurs de guerre et et bientôt s'annoncent de nouvelles arrivées.

Premier tome d'une saga devenue une série télévisée, cette riche évocation par Elizabeth Jane Howard (Une saison à Hydra, Les Notes avril 2019) d'un monde destiné à disparaître fourmille de personnages attachants. Le récit souligne l'incertitude de l'avenir et les relations des couples mais l'essentiel est la peinture des mœurs et des mentalités des années trente. Quelques personnalités tranchent, notamment féminines alors qu'elles sont encore confinées dans leur foyer. Les portraits fouillés des adolescentes et leurs préoccupations sont tout aussi vivants. Les relations filles/garçons restent très victoriennes. La campagne anglaise, le charme des soirées musicales, l'amour de la lecture complètent le tableau. Une vision détaillée qui exprime bien la nostalgie d'une société disparue. (S.La. et A.-M.D.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


La femme révélée

NOHANT Gaëlle

Grasset, 2020


Genre : Fiction, Romans français

Chicago Paris Ségrégation


Sous l'identité de Violet Lee, Eliza Bergman quitte Chicago pour Paris, avec comme seuls bagages quelques bijoux et son appareil photo. Elle fuit son passé, abandonnant même son petit garçon, et s'invente une nouvelle existence dans le Paris des années 50. Libre, mais pleine de secrets, elle vit cruellement l'angoisse d'être découverte, la douleur de l'exil et l'absence de son fils. Que craint-elle ? N'y a-t-il plus de retour possible ?

Avec un exceptionnel talent de conteuse, Gaëlle Nohant (Légende d'un dormeur éveillé, Les Notes juillet 2017), met en scène, à travers le prisme de l'appareil photo, le Paris de l'après-guerre, celui des caves où l'on écoute du jazz, ansi que ses personnages hauts en couleur, clochards, prostituées, musiciens, élégantes Parisiennes et promeneurs solitaires. Elle présente en contrepoint un portrait sans concession de Chicago, ville violente et corrompue, dominée par la mafia, meurtrie par la fièvre immobilière et les émeutes raciales. Sa plume délicate « révèle » une femme libre, mais d'une fragilité émouvante, sans oublier les personnalités originales qui l'entourent. Au fil des pages, l'intrigue monte en puissance, les secrets se révèlent et le suspense ne faiblit pas. (A.-M.G. et M.S.-A.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


Sankhara

DEGHELT Frédérique

Actes Sud, 2020

Collection : domaine français


Genre : Fiction, Romans français

Méditation Crise conjugale Crise mondiale


Au début de septembre 2001, Sébastien, journaliste au siège parisien de l'AFP, espère une promotion. Hélène, mère de leurs jumeaux, inscrite à une méditation « vipassana », disparaît complètement pendant dix jours. Elle a pris quelques dispositions vis à vis des enfants et simplement informé son mari de son absence. Elle va connaître, dans le silence le plus total, une profonde remise en question pendant que Sébastien sera confronté à une crise morale, vite doublée d'une crise mondiale. 

Dans une suite de chapitres alternés, Frédérique Deghelt (Agatha, NB septembre 2017) décrit de façon méthodique, presque chirurgicale et sans aucune concession, le travail en profondeur effectué par chaque personnage en s'appuyant sur une documentation extrêmement précise tant sur le plan du comportement humain que sur celui de la politique mondiale. Elle dresse un parallèle cru et saisissant des doutes, des désarrois et des remises en question, mêlant avec bonheur et dans un style très maîtrisé souvenirs personnels et références magistrales aux affaires du monde, ces nombreuses digressions donnant vie et consistance à son texte. Sa hauteur de vue, dans ce livre juste traitant de la complexité de la vie du monde comme de celle du couple, est passionnante.  (J.M. et C.R.P.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


Les évasions particulières

OLMI Véronique

Albin Michel, 2020

498 pages


Genre : Fiction, Romans français

Famille Années 70 Soeur


Aix-en-Provence, 1970. Le père est instituteur, la mère femme au foyer. Ils ont trois filles de quatorze, onze et quatre ans. Les revenus de la famille sont modestes. L'aide d'un oncle parisien fortuné est bienvenue. Il accueille régulièrement la cadette pour les congés scolaires. Les années passent. Dès que possible, les deux aînées montent à la capitale. Sabine veut faire du théâtre et Hélène cherche des études compatibles avec son engagement contre la souffrance animale. Mariette, plus jeune et plus fragile, reste seule auprès des parents désemparés.

On retrouve le talent de l'auteure de Bakhita (Les Notes octobre 2017) dans la précision de la peinture sociale et de l'analyse psychologique d'une cellule familiale presque ordinaire qui ne respire guère la joie de vivre. Ces années soixante-dix sont empreintes de désillusion : remise en question du couple, de la transmission générationnelle, et dilution des valeurs familiales ou religieuses (contraception, avortement, liberté sexuelle). Des vies étriquées, dix ans d'une actualité post-soixante-huitarde morose. L'écriture équilibrée, maîtrisée et sérieuse, rend la lecture aisée sinon agréable… mais c'est long, linéaire, sans aspérités narratives, si ce n'est un emballement romanesque tardif dans les dernières pages. Ambitieux mais sage. (T.R. et A.-M.D.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


L'intimité

FERNEY Alice

Actes Sud, 2020

Collection : domaine français


Genre : Fiction, Romans français

Maternité Procréation médicalement assistée



Un homme, architecte sensible mais un peu falot, et trois femmes de caractère – une libraire féministe, sa confidente, ainsi que ses compagnes successives – sont censés illustrer les rapports les plus intimes de nos contemporains dans leur vie de couple et de parents. Après Les Bourgeois (Les Notes septembre 2017), superbe plongée dans le XXe siècle, Alice Ferney analyse dans ce roman de mœurs en deux parties, les nouveaux pouvoirs des femmes : choix des partenaires dans les sites de rencontres, procréation à la demande grâce à toutes les technologies qui s'y réfèrent, avec ou sans sexualité. Aussi passionnant soit-il, le sujet est vaste, trop sans doute… Ainsi s'agit-il dans la deuxième partie d'un documentaire plus que d'un roman. Mais toutes les ratiocinations de l'héroïne, assez caricaturale, prête à tout dans son droit à l'enfant, transforment le roman, si percutant dans sa première partie, en une sorte de pamphlet anti-GPA parfois lassant. C'est dommage pour un livre malgré tout important. (S.D. et C.G.)

Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


Histoire du fils 

Marie-Hélène Lafon. 

Buchet Chastel. 2020. 

170 pages.




Dès les premières pages, nous sommes immergés dans le monde rural de Marie-Hélène Lafon, une maison du Cantal où grandissent Paul et Armand Lachalme qui sont jumeaux et leur jeune frère, Georges. Antoinette, la servante, les a quittés pour se marier et vient aider occasionnellement à la lessive deux fois par an. 

A l'adolescence, Paul et Georges sont internes au lycée d'Aurillac où ils apprennent le latin. La première guerre mondiale vient tout juste de se terminer.

Dans une autre famille, Hélène et Gabrielle  sont sœurs, leurs frères sont morts à la guerre. La première vit à Figeac tandis que la seconde vit à Paris. Elle a eu un enfant, André, qu'elle a confié à Hélène, mariée à Léon qui vont  l'élever avec leurs trois filles comme leur fils. André ignore qui est son père et l'apprendra le jour de son mariage avec Juliette. 

Ce sont les thèmes de la filiation, des secrets de famille, des liens et des solidarités familiales qui sont au coeur de ce grand petit livre, qui couvre une période allant de 1908 à 2008 et qui témoigne d'une vie forte et simple, traversée par des bonheurs et des malheurs. Tout est dans la narration. Chaque chapitre, dont le titre est une date précise, correspond à un élément de puzzle qui permet de reconfigurer, au fil de la lecture, l'histoire d'André, qui n'a en partage avec son père que l'adjectif inconnu…(p 61). GM



Nature humaine

Serge Joncour.

 Flammarion. 2020. 

397 pages.



Le roman se situe entre les années 1976 à 2000.

Depuis trois générations, la famille Fabrier vit sur ses terres, les Bertranges, dans une ferme isolée, entre Toulouse et Cahors. Les parents ont 4 enfants. Alexandre, l'unique fils, est celui qui reprendra l'exploitation, tandis que Caroline l'aînée fera des études à Toulouse, bientôt suivie par ses sœurs, qui toutes quitteront la campagne. Pour Alexandre, ce n'est pas un choix de rester paysan. Même s'il est attiré par une autre vie, qu'il découvre auprès de sa sœur étudiante à Toulouse, il ne se sent pas le droit d'y prétendre. Il est ainsi fait d'hésitations, de contradictions, d'atermoiements qui l'amènent à aider des activistes antinucléaires en leur fournissant de l'engrais servant à la composition d'explosifs…Mais c'est plus pour se valoriser au regard de Constanze, une jeune Allemande idéaliste, proche des activistes, que par réelles convictions politiques. 


Le récit est parsemé d'exemples de ce genre pour illustrer la confrontation entre deux mondes, celui de la campagne où un mode de vie se transmet de génération en génération et le monde de la marchandisation, à l'horizon de la mondialisation, qui veut imposer son modèle. GM



Chavirer

Lola Lafon.

 Actes Sud.2020.

 344 pages.



1984, Cléo a 13 ans, vit dans la banlieue parisienne et rêve de devenir danseuse de modern jazz. Un jour, elle se voit proposer une bourse offerte par la fondation Galatée qui lui permettrait de réaliser son rêve. Cathy, une femme élégante va la prendre en main, l'invite dans des restaurants parisiens, l'emmène chez des antiquaires, lui achète des parfums, en un mot l'introduit dans un univers inaccessible pour cette jeune fille issue d'un milieu modeste.   Enfin, elle la présente aux jurés de la fondation, qui vont décider de son sort. Cléo ne saisit pas bien les gestes que l'un de ces respectables messieurs porte sur elle et ne comprend pas le sens de ces déjeuners « où on ne lui demande rien », mais d'où elle ressort avec une enveloppe contenant de l'argent. Elle n'ose en parler à personne pas même à Cathy, laquelle n'assiste jamais à ces rencontres...

Tout l'art de ce récit est de rester en-deçà des mots, qui pourraient permettre de qualifier, de repérer et de lever le voile sur l'ambiguïté de la situation dans laquelle ces très jeunes filles sont prises. En l'absence de codes pour décrypter, le malaise diffus prend la place et les maux se substituent aux mots venant signifier le brouillage des repères. GM


La cuillère


Dany Hericourt

Liana Levy, 2020



Pays de Galle, 1985. Seren , 18 ans, fuit l'hôtel familial, sa mère, ses frères, ses grands-parents le temps de faire le deuil de son père, décédé brutalement d'un AVC. C'est la découverte d'une cuillère en argent posée sur la table de chevet de son père décédé qui entraîne la jeune fille dans ce voyage initiatique en France, avec pour seul bagage une voiture et sa jeunesse. 

C'est un très bon moment que l'on passe avec Seren durant ce voyage dont l'objectif est la Bourgogne, et la découverte de son passé. ACM


Un jour Viendra couleur d'orange

Grégoire Delacourt

Grasset 2020








Alabama 1963

Christian Niemec et Ludovic Manchette

Le cherche-Midi, 2020









Betty

Tiffany McDaniel

Gallmeister, 2020






Et que ne durent que les moments doux

Virginie Grimaldi

Fayard 2020