mercredi 21 mars 2018

Achats de mars 2018




Les rêveurs

Auteur : Isabelle CARRE
editeur : Grasset, 2018
Quand l'enfance a pour décor les années 70, tout semble possible. Mais pour cette famille de rêveurs un peu déglinguée, formidablement touchante, le chemin de la liberté est périlleux. Isabelle Carré dit les couleurs acidulées de l'époque, la découverte du monde compliqué des adultes, leurs douloureuses métamorphoses, la force et la fragilité d'une jeune fille que le théâtre va révéler à elle-même. Une rare grâce d'écriture.

La mise à nu



Auteurs : BLONDEL Jean-Philippe
Paris : Buchet-Chastel, 2018
249p.
Divorcé à l'amiable, avec deux filles adultes qui mènent leur chemin, proche de la retraite, Louis, professeur d'anglais jadis flamboyant, s'est désormais figé dans une attitude distanciée d'ironie bienveillante. Il est invité à l'exposition d'un ancien élève qu'il n'avait pas vraiment remarqué, devenu un peintre coté ; Alexandre, lui, a gardé un souvenir intense de ses cours et lui propose de faire son portrait. Hésitant, sentant qu'il pénètre un territoire singulier, Louis accepte. Tandis que les tableaux progressent – un triptyque est prévu – les souvenirs s'échangent, les liens se resserrent, les exigences d'Alexandre s'aiguisent…
Jean-Philippe Blondel (Mariages de saison, NB mars 2016) enseigne l'anglais à Troyes et Louis, le narrateur, doit sans doute beaucoup à cette expérience. Lui aussi se met à écrire : des pages en italique, d'un style plus littéraire, s'insèrent dans le récit, elles évoquent sa jeunesse, ses amis, ses amours, son ex-femme, ses filles. Le passé colore heureusement un présent qui s'anime. Pour Alexandre, la peinture l'aide à se délivrer d'une adolescence toute de rancoeurs et d'humiliations, dévastée par une homosexualité inavouée mais secrètement illuminée par l'admiration pour son professeur. L'évolution ambiguë des rapports, rendue avec fluidité et finesse, le flou des intentions d'Alexandre intensifient le récit jusqu'à un dénouement à l'interprétation incertaine. (M.W. et M.Bo.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.

Pactum salis



Auteurs : BOURDEAUT Olivier
Bordeaux : Finitude, 2018
252p.
Amicitia Pactum salis : l'amitié est un pacte de sel. Dans les marais salants de Guérande, un agent immobilier du type parvenu, complètement bourré, échoue avec sa Porsche sur la parcelle d'un paludier atypique, ex-bourgeois amoureux de la nature. Ils vivent quelques jours d'une amitié tumultueuse noyée dans des beuveries spectaculaires.
Olivier Bourdeaut avait commencé ce roman avant d'écrire En attendant Bojangles (NB avril 2016). Il choisit les environs de La Baule, région de sa jeunesse qu'il connaît bien, et, pour ses deux héros, des métiers qu'il a lui-même exercés : agent immobilier et paludier. Il leur oppose une caricature féroce de certains comportements lucratifs qu'il semble avoir rencontrés. C'est la part éthique de l'ouvrage. Avec humour, il s'amuse à imaginer deux compères inattendus. Il ajoute quelques portraits assez enlevés d'une jeunesse très actuelle ou de types socioculturels bien ciblés : il aime opposer le Bobo au Dédé (débauché de droite) qu'il suggère plus répandu. Un petit suspense mis à part, l'histoire manque de relief, c'est par son écriture que l'auteur se distingue : trop décalée parfois, originale voire dérangeante dans son emploi de la dérision, et toujours recherchée. (V.M. et B.D.)
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Lumière noire

Auteurs : GARDNER Lisa
Trad. de l' anglais par Cécile Deniard.
Paris : Albin Michel, 2018
503p.
Victime ou coupable ? se demande le commandant Warren. Qui est-cette fille pour s'y connaître en technique de survie et d'autodéfense, qui vient de brûler son agresseur ? Cette fille est Flora Dane, survivante d'un kidnapping de 472 jours où elle connut l'enfermement dans un cercueil. Libre et partie à la recherche d'une étudiante disparue, elle est à nouveau enlevée. Le commandant Warren va s'efforcer de débusquer le prédateur qui menace à Séville.

Dès les premières pages, ce thriller prend aux tripes. Lisa Gardner (Le saut de l'ange, NB mars 2017) présente son héroïne sous ses deux visages, en deux récits alternés. Celui de la femme qui a vécu l'enfer de la soumission, perdu son identité, et celui de la survivante qui analyse son passé de captive tout en se battant pour se libérer et sauver d'autres vies. Dans cette course contre la montre, l'auteur replace le commandant Warren, toujours aussi énergique et cette fois assistée d'un séduisant victimologue. Pour contrebalancer l'horreur de certaines scènes, les souvenirs d'enfance et l'amour d'une mère offrent de la douceur à ce roman trépidant. (L.C. et M.F.)
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Une vie sans fin



Auteur : BEIGBEDER , Frédéric
Grasset, 2018

« La vie est une hécatombe. 59 millions de morts par an. 1,9 par seconde. 158 857 par jour. Depuis que vous lisez ce paragraphe, une vingtaine de personnes sont décédées dans le monde – davantage si vous lisez lentement. L'humanité est décimée dans l'indifférence générale.
Pourquoi tolérons-nous ce carnage quotidien sous prétexte que c'est un processus naturel ? Avant je pensais à la mort une fois par jour. Depuis que j'ai franchi le cap du demi-siècle, j'y pense toutes les minutes.
Ce livre raconte comment je m'y suis pris pour cesser de trépasser bêtement comme tout le monde. Il était hors de question de décéder sans réagir. »
F. B.

Une vie minuscule



Auteur : KRHAJAC, Philippe
Editeur, : Flammarion, 2018


«Tout autour, un parc et ses séquoias si grands pour mes yeux d'enfant que je me dis qu'avec ces sapins-là, le ciel n'est pas si loin. Je descends de l'ambulance. Tristesse et joie sont dans mes poches ? Tout va bien. Mais non, que dis-je : à l'abordage, à la conquête !»
Phérial a quatre ans et s'apprête à entrer dans un orphelinat pour enfants en régression. Loin de se douter que le chemin sera périlleux, il traverse sa réalité d'enfant abandonné en se jouant comme il peut du cortège des misères sans fin, des familles d'accueil, des éducations aux mille règles, mille abus, mille mensonges. Ne perdant jamais de vue son désir profond : retrouver peut-être, un jour, sa maman, il avance sans relâche et au cours de ses péripéties rencontre trois femmes d'exception. Trois fées, n'est-ce pas d'excellent augure pour que l'enfant puisse devenir le fils du père, le fils de la mère puis l'homme qu'il doit être ?Récit initiatique des temps modernes, Une vie minuscule est un premier roman dans lequel la poésie, portée par une magistrale fureur de vivre, gifle tour à tour déception et tristesse.


Une femme que j'aimais



Auteurs : JOB Armel
Paris : Robert Laffont, 2018
296p.
Claude, célibataire belge presque trentenaire, mène une vie terne entre son travail et ses parents. Il aime rendre visite chaque semaine à sa tante veuve pour laquelle il éprouve une affection amoureuse. Un jour, il la retrouve morte par terre, le cou brisé. Effondré, soupçonnant une éventuelle agression, il remonte dans le passé de la belle Adrienne, va de découvertes en découvertes et lève le voile sur certains secrets de famille.
Ce roman psychologique aux allures policières est centré sur une enquête parfaitement huilée. Révélations, fausses pistes et suspense savamment dosés, tout est là pour accrocher le lecteur et le mener par le bout du nez, sans temps morts, jusqu'au dénouement final. Le style est simple et efficace, les personnages tracés à grands traits et bien campés dans la mécanique du scénario, qu'ils soient héros principaux ou secondaires. Ils se dévoilent suffisamment pour donner consistance à cette triste histoire où sentiments amoureux et poids d'une société belge, provinciale et rigide des années soixante, entrent en conflits ravageurs. Auteur prolifique (En son absence, NB mai 2017), Armel Job fait toujours preuve de la même maîtrise. (L.K. et E.B.)
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Ma reine



Auteurs : ANDREA Jean-Baptiste
Paris : L'Iconoclaste, 2017
221p.
Douze ans, un peu simplet, il vit sans amis, entre ses parents vieillissants qui tiennent une station-service isolée en Provence. Un matin d'été, il fugue pour aller faire la guerre comme à la télé et devenir un homme. Après une nuit dans une bergerie abandonnée, il est découvert par Viviane, treize ans, qui serait reine du pays et habiterait un château merveilleux. Il est complètement subjugué ! Chaque jour elle lui apporte des sandwiches et lui fait découvrir la montagne. Mais elle exige de lui une obéissance absolue et lui interdit de savoir où elle vit.
C'est le jeune fugueur qui raconte lui-même son escapade et son amitié insolite avec une fille au nom de fée, aussi imaginative que lui. Mais elle sait trouver les mots alors que pour lui, si tout est clair dans sa tête, tout se brouille quand il parle. Cependant, Jean-Baptiste Andrea, tient la plume d'une main ferme et nous offre un récit fort et subtil où le rêve et le désir se mêlent à la réalité plus prosaïque. Nous ne savons pas toujours s'il faut rire, avoir peur ou les deux en même temps et ce mélange a beaucoup de charme. Un premier roman prometteur. (P.S. et M.-C.A.)
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Juste après la vague



Auteurs : COLLETTE Sandrine
Paris : Denoël, 2018
301p.
Le volcan s'était effondré et la mer avait envahi la vallée. Seuls rescapés sur leur colline, un couple et ses neuf enfants scrutent depuis six jours la montée des eaux. Il y a urgence à quitter leur ilot. Ils sont onze et n'ont qu'une barque ; un choix s'impose, terrible…
Familière des environnements hostiles et des êtres centrés sur leur survie, Sandrine Collette quitte la terre ferme (Les larmes noires sur la terre, NB mars 2017) pour l'adversité marine. Tout en se renouvelant sans cesse, sa mécanique reste implacable et plonge au plus profond des émotions face aux revers de l'existence. Si l'on s'attache aux trois enfants restés sur l'île, en proie à la stupeur et aux doutes puis se prenant en charge avec obstination, cela reste moins vrai pour les occupants du canot. Personnage magnifique, la mère a embarqué le chagrin et la honte, la culpabilité, la haine envers le père, la rage envers le ciel. « Le naufrage est en elle ». Le livre est réussi mais n'atteint pas le niveau de séduction hypnotique des ouvrages précédents. (Maje et S.L.)
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François-Joseph et Sissi : le devoir et la rébellion



Auteurs : CARS Jean des
Paris : Perrin, 2017
534p.
Après une jeunesse sans contrainte, Elizabeth de Bavière (1854-1898) est de façon inattendue, à seize ans, demandée en mariage par François-Joseph d'Autriche. Spécialiste des têtes couronnées (Nicolas II et Alexandra de Russie, NB janvier-février 2016), Jean des Cars étudie – entre vie privée et vie publique – ce couple imprévu dont les caractères s'opposent, et qui pourtant s'adore. Une impératrice fantasque, capricieuse, éternelle voyageuse, en quête d'absolu, prise au piège entre obligations de souveraine et démons intérieurs. Un empereur rigide, homme de devoir, auquel l'amour de Sissi apporte d'immenses joies… et de rudes souffrances. Le livre la privilégie, met en lumière les traits profonds de son caractère, ses défauts, ses innombrables errances, ses rapports difficiles avec sa belle-mère, analyse ses réactions et les évolutions de sa personnalité avec un grand souci d'authenticité et d'objectivité et rend hommage à son intuition politique. Remarquablement illustrée, cette passionnante biographie, écrite dans un style fluide, se lit comme un roman. A lire… et à offrir !  (J.M. et M.-N.P.)
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