mercredi 12 avril 2017

ACHATS AVRIL 2017


Arrête avec tes mensonges


Auteurs : BESSON Philippe
Paris : Julliard, 2017
194p.
Dans la petite ville de Barbezieux, en Charente, un adolescent suit avec assiduité la voie prescrite par son père instituteur pour s'extraire, par des études brillantes, d'une vie provinciale médiocre. Déjà enclin au repli sur soi et à une vie plus rêvée qu'ancrée dans le réel, ce que sa mère appelle ses "mensonges", Philippe fait une rencontre secrète qui bouleversera sa vie, celle de Thomas, jeune homme taciturne, profondément attaché à son existence rurale et à ses codes.
Dans ce récit présenté comme autobiographique, même si le personnage affirme « je n'écris jamais sur ma vie, je suis un romancier », Philippe Besson (Les passants de Lisbonne, NB avril 2016) conduit comme un roman d'apprentissage la rencontre fondatrice entre deux adolescents que la vie va séparer. Et le combat entre
mensonge et vérité assumée va forger leurs destins. D’une écriture fine et stricte, l'intrigue est conduite en trois parties : l'adolescence – la plus troublante –, la maturité, et le dénouement, dans un passé très récent, plus convenu. Une histoire touchante car elle laisse une place importante aux sentiments, mais cède au goût du jour de « tout dire » des relations homosexuelles, sans rien taire de l'intime ni céder à aucune censure. (M.M. et M.Bo.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.



Trois saisons d’orage


Cécile COULON
Ed Viviane Hamy
Plusieurs générations se succèdent aux Fontaines, un village à l’accès difficile, avec des falaises et des carrières de pierre. Les paysans acceptent l’arrivée des ouvriers, « les fourmis blanches », et celle d’un médecin qui redonne vie à la commune. Son fils, également médecin, va développer des services de santé grâce à sa femme, venue de la ville. Leur fille est amoureuse depuis l’enfance d’un fils de fermiers, mais une passion imprévue va naître et provoquer le drame au milieu de cette vie heureuse.
C’est aussi l’histoire de ce village qui doit choisir entre isolement et ouverture sur le
monde
Une belle écriture, des personnages forts et attachants.
Presque un roman de terroir, avec un démarrage un peu lent mais très vite, le mystère
s’installe et on pressent une issue tragique. ED


La fille d’avant  


J P DELANEY
Mazarine
Après la mort d’un enfant nouveau né, Jane a besoin de se reconstruire et là, une agence lui propose en location une superbe maison d’architecte ultra moderne , minimaliste , épurée pour un loyer très modéré.
Mais attention, le propriétaire n’accepte que des locataires triés sur le volet, qui répondent à des critères d’ordre et de propreté bien précis. Malgré cette sévère sélection, Jane et son compagnon sont acceptés.
Les règles sont draconniennes. Il faut répondre à des questionnaires intrusifs sinon des pannes diverses apparaissent.
Le roman est découpé en chapitres qui leurs sont alternativement consacrés. Et l’on découvre de nombreuses similitudes. Toutes les deux se ressemblent physiquement, toutes les deux sont fragiles psychologiquement et toutes les deux sont tombés amoureuses du propriétaire.Toutes les deux éprouvent la même angoisse quand elle s’aperçoivent que la maison les transforme peu à peu.
J P DELANEYest un écrivain qui a publié plusieurs romans à succès sous d’ autres noms.
Ici il publie un thriller psychologique captivant sur la manipulation, le mensonge et l’obsession .
A lire absolument… MC



Une femme au téléphone


Carole FIVES
Ed Gallimard
Charlène, 62 ans trompe sa solitude en passant des appels à sa fille. Atteinte d’un cancer et bipolaire à ses heures, dans un quasi monologue, elle raconte son quotidien: ses relations avortées sur des sites de rencontre, ses séjour à l’hôpital, ses visites chez le psy, ses relations avec son amie Colette.
En demande constante d’attention, elle est tour à tour toxique, manipulatrice, culpabilisante mais elle sait aussi être affectueuse et touchante dans sa solitude et ses angoisses face à la maladie et à la vieillesse.
A l’autre bout du fil, on devine les réactions et les réponses de sa fille, écrivaine de 40 ans qui n’a d’autre choix que de subir ces interminables discours.
Un cour roman drôle et profond à la fois qui interroge sur les relations parents enfants. ED



De tes nouvelles


Agnes LEDIG
Albin Michel
Eric et sa fille Anna-Nina sont revenus en septembre, à Solbach (Vosges), chez Valentine et Gustave. Ils s'y étaient arrêtés, en juin, pour abriter leurs chevaux et leur roulotte, un soir d'orage.
Eric, veuf depuis la naissance de sa fille (7ans) s'est marginalisé, emmenant la petite sur les routes.
Il a besoin de se poser, de stabiliser Anna en l'inscrivant à l'école et surtout de resserrer les liens amoureux tissés avec Valentine; cependant il a du mal à faire son deuil et ne veut plus souffrir à nouveau.
Anna-Nina est une petite fille délicieuse, vive, surdouée, hypersensible et très attachée à son père. Elle est très complice de Gustave, le grand-père d'adoption de Valentine, homme au passé douloureux.
Au fil des saisons, on les découvre tous, avec leurs fêlures. Entre eux il n'y a que partage, solidarité, empathie et bienveillance. Chacun n'aspire qu'à être heureux et à vivre l'instant.
Hymne à l'enfance avec ses jeux, ses rêves et son insouciance. Hymne au bonheur simple en harmonie et communion avec la nature.
Livre qui fait du bien ! PF



Madeleine Pauliac : l’insoumise


Philippe MAYNIAL
XO
276 p.
1945. Madeleine Pauliac, médecin, trente-trois ans, est chargée par le général Catroux de rapatrier les prisonniers français retenus par les Russes en Pologne et en Allemagne. La guerre est finie, mais le rideau de fer va bientôt tomber : il faut agir très vite. Madeleine et onze jeunes ambulancières de l’Escadron bleu traversent des villes dévastées, des campagnes désolées et découvrent les horreurs de la barbarie nazie et russe. Leur solidarité est sans faille ; toutes sont habitées par un idéal qui les porte avec une intrépidité et une détermination étonnantes. Elles sauveront nombre de vies – en particulier les enfants de religieuses violées (cf. le film « Les Innocentes »). En février 1946 Madeleine meurt dans un accident de voiture près de Varsovie… Philippe Maynial, son neveu, a rassemblé force témoignages et documents pour rendre justice à toutes ces héroïnes injustement méconnues. Le récit chronologique, accompagné d’un cahier de photos très vivant, est précis, au plus près des faits, et non exempt d’émotion. (A.V. et M.-C.A.)
L’auteur a travaillé à partir du carnet de bord écrit par sa tante, et de ce que lui a raconté sa mère Anne-Marie, sœur aînée de Madeleine, ainsi que des rencontres de personnes qui l’ont côtoyée. Il a reconstitué son parcours et son action exemplaire, et il livre le secret que les religieuses polonaises ont confié à Madeleine quand elles ont sollicité son aide. Un film Les innocentes a été tiré de ce livre, un très beau film en noir et blanc, réalisé par Anne Fontaine, d’une forte intensité dramatique, qui traite uniquement de l’histoire des religieuses mais qui ne donne pas une vision aussi complète que le livre, dont la lecture est instructive et passionnante. GM



Nuit


Bernard MINIER
XO
Au milieu d’une terrible tempête en Mer du Nord, une inspectrice norvégienne, Kirsteen Nigaard, débarque sur une plate-forme pétrolière pour enquêter sur le meurtre d’une technicienne. Elle découvre qu’il manque un homme, lors de la fouille des casiers des cabines. L’absent se nomme Julian Hirtmann, le tueur en série que recherche depuis des années l’inspecteur Martin Servaz. Dans son casier on découvre une série de photos de Servazprises à son insu, ainsi que des photos d’un enfant, Gustav. A partir de ce moment, Servaz et Kirsteen vont essayer de retrouver Hirtmann, et l’enfant qui semble être celui de Servaz ou de Hirtmann ?
De nombreux rebondissements, assez longs à évoquer, qui tiennent le lecteur en haleine.
Un très bon Minier, un peu retors, tout de même.  SB



La tristesse des éléphants


Auteurs : PICOULT Jodi
Trad. de l' anglais par Pierre Girard.
Arles : Actes Sud, 2017
448p. env.
Jenna, treize ans, recherche sa mère Alice, scientifique spécialiste des éléphants, inexplicablement disparue dix ans plus tôt. Désespérant de trouver la vérité, elle fait appel à Serenity, une voyante extralucide, et Virgil, l'inspecteur qui avait conduit – et enterré ! – l’affaire à l'époque. Mais à force de poser des questions pressantes, ils se rendent compte progressivement qu'ils obtiennent des réponses de plus en plus complexes et embarrassantes.
Habilement construit, bien documenté, La tristesse des éléphants est une réflexion sur l'amour filial, l'amitié, la perte d'un être. Trois voix, celles de Jenna, de Serenity et de Virgil, se succèdent en rebondissant en permanence du passé au présent. Aux souvenirs de la jeune fille s'ajoutent des événements relatés dans le journal de bord tenu par Alice. Les plongées rétrospectives, les dialogues avec l'au-delà et les confessions de Virgil se mêlent, entretenant le suspense. Tout au long du récit, Jodi Picoult établit, grâce à des anecdotes souvent émouvantes, des parallèles entre le monde animal et le comportement humain. Servie par une écriture fluide et un savant dosage de romance, de mystère et de surnaturel, cette histoire aux longs développements animaliers surprend et captive jusqu'à la fin inattendue. (F.L. et A.-M.D.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.




Article 353 du code pénal


Auteurs : VIEL Tanguy
Paris : Les Ed. de Minuit, 2017
173p.
À Brest, dans le bureau du juge, Kermeur ne nie rien. Oui, au cours d’une partie de pêche, il a volontairement passé Lazenec par-dessus le bastingage. Avec précision, il retrace les années précédant son geste. Lorsqu’il est licencié de l’arsenal, son couple vacille et son fils choisit de rester près de lui. Pour l’aider, le maire du village lui propose d’habiter une petite dépendance du “château”, propriété communale. Mais celui-ci est racheté par le promoteur Lazenec, porteur d’un grandiose projet immobilier dans lequel il entraîne les habitants. Les travaux stagnent et les années passent.
Dans un récit rythmé par une écriture tendue, l’auteur retrouve le souffle de ses autres romans (La disparition de Jim Sullivan, NB juin 2013). Soutenu par la patiente écoute du juge, l’homme se confie en un émouvant monologue. Modeste ouvrier, il trouve les mots justes pour dire sa vie simple, dévoiler ses tendresses et l’attachement à ce rude pays de marins : aveux autant que confidences d’un homme qui cherche à comprendre comment une escroquerie se mue en drame. La force du texte réside dans le contraste entre la parole du prévenu face au bienveillant silence du juge. Captivant. (M.R. et J.D.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.



Le dimanche des mères


Graham SWIFT
Gallimar
30 mars 1924 en Angleterre. Comme tous les ans, les aristocrates donnent un jour de congé à leurs domestiques pour qu’ils aillent rendre visite à leur mère. Jane, femme de chambre des Niven est orpheline. Elle commence à planifier sa journée jusqu’à ce que Paul Sheringham, jeune homme de bonne famille et son amant depuis longtemps lui propose de le retrouver pour une dernière fois avant son mariage avec une autre jeune fille.
Cette histoire qui se passe sur une seule journée présente une aristocratie déclinante depuis la sortie de la première guerre mondiale. Ce petit livre qui nous emmène dans une époque où l’on passe doucement à la modernité (les voitures remplacent les chevaux, la domesticité se réduit…) est très bien écrit, et arrive à nous emporter en peu de mots.
A lire absolument. ACM

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire