La vie secrète des écrivains | |
Auteurs : MUSSO Guillaume
Paris : Calmann-Lévy, 2019
347p.
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Après trois romans à succès, Nathan Fawles a cessé d'écrire et s'est réfugié sur une île méditerranéenne où il vit depuis vingt ans. Un écrivain en herbe y débarque en espérant lui demander conseil. Quand on découvre le cadavre d'une femme clouée à un eucalyptus, tout bascule. Simultanément, une jeune journaliste s'introduit chez Fawles, munie de clichés troublants, tirés d'un appareil photo perdu deux décennies plus tôt. Elle est persuadée que Nathan cache un terrible secret…
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Guillaume Musso (Un appartement à Paris, NB juin 2017) séduit encore avec ce thriller insolite. Les personnages, tous obstinés et déterminés, gardent une part de mystère. Habilement construit, l'imbroglio réserve des surprises jusqu'au dénouement effarant. S'appuyant sur de nombreuses références littéraires, l'auteur dévoile en partie ses secrets d'écriture. La vie est un roman qui se nourrit de la vie. Démiurge, l'écrivain qui invente fait du mensonge sa vérité et mélange réalité et fiction. L'auteur, qui écrit un livre dans le livre comme le jeune apprenti-écrivain du récit, achète la maison de son héros, l'autre lui-même, sur une île imaginaire dont la description est plus vraie que nature. Une mise en abyme captivante teintée d'autodérision. (L.G. et A.K.)
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M, le bord de l'abîme | |
Auteurs : MINIER Bernard
564p.
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À Hong Kong, Moïra, séduisante Française, entre au département d'intelligence artificielle de Ming Inc., leader chinois du numérique. Sa mission ? Humaniser DEUS, un chatbot – robot vocal – qui va révolutionner les relations personnelles par son omniprésence amicale et éclairée. Mais dès son arrivée, un beau policier l'aborde et tente d'en faire son cheval de Troie. Il y a urgence : assassinats et suicides douteux s'enchaînent parmi les employés du Centre.
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M comme meurtre, M comme manipulation, M comme mal absolu : brillant mais aussi terrifiant, ce thriller visionnaire – semé de meurtres d'une sauvagerie sadique – tant il semble davantage tutoyer le réel que la science-fiction. On sait que Bernard Minier (Soeurs, NB juin 2018) excelle dans l'art d'atteler une intrigue policière millimétrée à un thème civilisationnel préoccupant. Brûlant même puisque la mainmise orwellienne de la Data lancée à la conquête de notre quotidien n'est plus qu'une question de temps, certaines des technologies décrites ici étant déjà en cours d'expérimentation. Dans cet eldorado capitaliste de Hong Kong, creuset de tous les vices et de toutes les misères, royaume des triades, il peaufine son art de faire monter l'angoisse. Qui, de l'humain ou du virtuel, l'emportera ? (C.G. et M.-N.P.)
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Les confidences | |
Auteurs : NIMIER Marie
Paris : Gallimard, 2019
192p. env. Collection : Blanche
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Dans une ville de province, Marie Nimier organise un « appel à confidences », petites affichettes dans les lieux publics à l'appui. Les yeux bandés, elle reçoit les volontaires dans un appartement prêté par la Mairie. Anonymement, chacun se confie par oral, par écrit ou sur le site dédié.
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Ces confessions provoquées par Marie Nimier (La plage, NB mars 2016) deviennent la matière première d'un court petit livre, sorte de pot-pourri d'impressions, d'émotions ou souvenirs fugitifs, de désirs refoulés, de cris de colère. Chacune d'elle s'accompagne de sentiments divers – nostalgie, tristesse, culpabilité, regrets, remords, plaisir – comme autant de petits échantillons de la nature humaine, d'une tonalité générale plutôt sombre. Elles troublent et enrichissent la romancière, bien décidée à « s'effacer derrière la parole des autres », exception faite d'un dernier aveu personnel sur la souffrance ressentie devant l'absence du père. Le moins qu'on puisse dire est que l'exercice – ou faut-il l'appeler expérience ? – auquel elle s'est livrée est original et même intéressant. Mais aussi que la réalisation, cette énumération un peu lassante de confidences hétéroclites laisse une impression mitigée et un goût d'inachevé. (V.A. et M.-N.P.)
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Un matin d'hiver | |
Paris : Grasset, 2019
140p.
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Elle enseigne la littérature, lui la sociologie à l'université de Jussieu. Il est américain et, bien que très différents, ils s'aiment, se marient et ont une petite fille. Un soir de décembre elle l'accompagne à l'aéroport d'où il s'envole une fois de plus pour son travail à Atlanta où vivent ses parents. Mais son téléphone reste muet et il disparaît sans laisser de traces.
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Lors d'un séminaire, la jeune femme confie son histoire, vieille de quinze ans, à Philippe Vilain (La fille à la voiture rouge, NB novembre 2017). Celui-ci, sensible à son désarroi toujours vif, et intrigué par son récit, lui propose, d'en faire le sujet d'un livre, avec son accord, en changeant noms, dates et quelques détails. La narratrice y raconte sa solitude, son attente, ses espoirs déçus, le secret longtemps gardé pour préserver sa fille. S'y ajoutent des descriptions très réussies d'Atlanta et de Huston où elle était partie enquêter, en vain. Dans un style simple mais élégant, l'écrivain évoque l'amour indéfectible d'une femme qui, tout en ayant refait sa vie, reste attachée à une « ombre ». Un éloge émouvant de la fidélité. (B.D. et M.-S.A.)
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Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla | |
Auteurs : RUFIN Jean-Christophe
Paris : Gallimard, 2019
384p. env. Collection : Blanche
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1958. Photographe dans une petite expédition reliant Paris à Moscou, Edgar a un coup de foudre – réciproque – pour une jeune sauvageonne ukrainienne perchée nue dans un arbre ! C'est le début d'une grande histoire d'amour. Il devient homme d'affaires, elle cantatrice. Mariés, séparés, remariés encore et encore, auréolés tour à tour de gloire ou d'opprobre, ils traversent la seconde moitié du XXe siècle.
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De l'aveu de Jean-Christophe Rufin lui-même, le livre s'inspire de sa propre histoire matrimoniale et de personnages comme Bernard Tapie ou La Callas. Très différent de ses autres romans (Le suspendu de Conakry, NB juillet-août 2018), celui-ci est une sorte de conte plein d'excès et d'extravagances. Il en a à la fois le charme et le manque de crédibilité. Suivant son état d'esprit on se laisse emporter – ou non – dans la valse de l'amour, capricieux mais irrésistible, de ces deux êtres, toujours les mêmes et cependant différents, qui se perdent et se retrouvent au gré des soubresauts de leurs parcours réciproques, façonnés par les réussites, les malheurs et les échecs. Ce n'est certes pas le meilleur livre de l'auteur mais les personnages sont attachants et la lecture en est facile et distrayante. (V.A. et M.-N.P.)
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L'Outsider | |
Trad. de l' anglais par Jean Esch.
Paris : Albin Michel, 2019
569p.
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Entre le 14 et le 27 juillet, Flint City, Oklahoma. Un enfant de onze ans vient d'être assassiné. Tous les indices font soupçonner Terry, un homme dévoué et droit qui entraîne les jeunes de la ville au base-ball. Ralph, policier, le fait arrêter publiquement au cours d'un match. Terry clame son innocence : il était, au même moment, à un colloque littéraire à Cap City, avec des collègues, on l'a vu à la télévision. Les esprits s'enflamment, c'est l'émeute, le drame ! Mais, en réfléchissant, Ralph et son équipe développent une sinistre hypothèse qui les conduit dans une grotte désaffectée …
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Stephen King (Sleeping beauties, NB mai 2018) recrée à merveille l'atmosphère d'une petite ville américaine, son quotidien, ses ruptures et alliances, quand le malheur frappe. Trois moments clés : l'arrestation de Terry, sa montée au calvaire vers le tribunal, puis la descente aux enfers, la grotte. Le fantastique est le seul chemin pour sortir des contradictions de l'histoire, et trouver une issue. Le talent de l'auteur à créer des groupes de résistance au mal permet, sur un ton bonhomme, des alliances improbables, drôles parfois. Le mal, puissant mais fragile, trouve les siennes par hasard : ce sont ses failles… et l'attention ne faiblit pas. Du très bon Stephen King. (E.B. et L.D.)
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Une drôle de fille | |
Auteurs : JOB Armel
Paris : Robert Laffont, 2019
276p.
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Marfort, à la fin des années cinquante, est une petite ville belge assoupie. Des habitants aux habitudes très inscrites se régalent du pain et des pâtisseries de la Maison Borj, fabriquées par Ruben et vendues par sa femme, l'accorte Gilda. L'arrivée de Josée, apprentie et orpheline, épileptique à la voix d'or, réveille la ville et bouleverse la famille, son histoire aux secrets à peine enfouis.
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Armel Job (Une femme que j'aimais, NB avril 2018) campe un moment de la vie provinciale, encore marquée par les souvenirs de la guerre. Finement analysée, la sociologie de ce terroir avec ses différences de classes, l'importance des apparences, des rumeurs, l'exhumation d'un passé aux relents de trahison, intègre, avec justesse, les sentiments d'une héroïne méprisée et utilisée. L'auteur de ce roman noir psychologique, d'une écriture précise (il s'attache particulièrement aux portraits féminins), fait monter la tension, dose avec une grande maîtrise et une construction rigoureuse les révélations qui s'enchaînent. Sur un rythme lent, pénétrant, les retournements des situations assignent les personnages à leur vraie place. (A.C. et C.M.)
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L'eau qui dort | |
Auteurs : GESTERN Hélène
374p. Collection : 1er mille
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Obsédé par le souvenir d'Irina, son premier amour, peintre lituanienne brutalement disparue il y a vingt ans, excédé par sa vie conjugale désastreuse, Benoît quitte Paris et sa femme. Il trouve, en Touraine, dans une grande propriété, un emploi dans l'horticulture qui répond à son goût pour la nature et la campagne. Dans la ville voisine, il entrevoit une silhouette troublante. Irina ? Commence la recherche de l'amante, de son passé et de celui des personnages du lieu, impliqués dans une affaire criminelle.
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Quête personnelle et enquête policière se succèdent dans ce récit compliqué où la multiplication des intervenants, des situations improbables et souvent incohérentes est, pour l'auteur de L'odeur de la forêt (NB octobre 2016), l'occasion de nous entraîner sur les routes de France et de Navarre. À la première personne, le narrateur révèle les trafics (lucratifs) d'enfants en vue d'une adoption, l'identité complexe de l'héroïne, l'histoire du domaine liée à des relations douteuses. Avec le portait de cet antihéros peu attachant et dont la vie sentimentale accumule fuite et lâcheté, la romancière assume son sujet qui pose, sans y répondre, cette question « pourquoi se fuit-on ? ». (A.C. et M.S.-A.)
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Faire Guignol | |
Paul Fournel
Ed P.O.L, 2019
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La célébrité de Guignol a effacé son créateur, et pourtant quelqu'un a fait Guignol : Laurent Mourguet (1769 - 1844), marionnettiste de foire à Lyon et sa région. Survivant de la Révolution et du chômage. On sait peu de choses sur lui. Les pauvres ne font pas mémoire. Et comme l'écrit Paul Fournel : « Il ajoutait la petitesse de ses personnages à sa propre invisibilité ». La période était agitée, on songeait plus à détruire qu'à archiver.
Pour le 250ème anniversaire de sa naissance, Paul Fournel livre une merveilleuse évocation de sa vie et de son « oeuvre », dans une langue qui emprunte autant à celle des canuts de Lyon qu'à la poésie et à l'imagination populaires. Un récit tissé de mensonges et de légendes, comme autant de preuves d'amour adressées au « père Mourguet ». Menus faits avérés, croix malhabiles au bas d'actes de naissance, lettres de police, ouverture de café, portraits populaires, chansons, un crâne, et des enfants, de chair et de bois... Mais cette vie imaginaire ou presque de Laurent Mourguet conduit Paul Fournel à se poser deux questions à l'origine de son propre travail d'écriture. Qu'est-ce qu'on écrit quand on ne sait pas écrire ? On emprunte le chemin de Guignol, celui de Laurent Mourguet. Et qu'est-ce qu'on écrit quand on peut tout écrire ? On suit le chemin de l'Oulipo, de Raymond Queneau et de Georges Perec...
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Le sang des Mirabelles | |
Camille de Peretti
Calmann Levy, 2019
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« Depuis le début de la cérémonie, la tête légèrement penchée en avant, elle avait gardé les paupières baissées comme l'aurait fait une fiancée soumise, mais son corps criait la roideur et l'orgueil. Malgré son jeune âge, il n'y avait en elle aucune douceur, aucune fragilité, aucune enfance. La parfaite beauté de la jeune fille, sa peau d'une pâleur extrême, ses petites mains jointes en prière, la finesse pointue de ses articulations que l'on devinait sous le lourd manteau vert doublé de fourrure, tout cela était tranchant comme la lame d'une épée. »
Au cœur du Moyen Âge, le destin de deux sœurs en quête d'émancipation à une époque vouant les femmes au silence. Un magnifique voyage dans le temps, qui dépoussière le genre du roman historique.
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