mardi 2 avril 2019

Achats Avril 2019


Le matin est un tigre



Auteurs : JOLY Constance
Paris : Flammarion, 2019
153p.
Alma est bouquiniste sur les quais, son mari Jean est comédien. Depuis quelques mois leur fille Billie, quinze ans, dépérit. Après maints examens, il semblerait que l'ablation d'une tumeur au poumon soit nécessaire. Mais Alma a l'intuition qu'il ne faut pas opérer, que leur fille en mourrait. Billie et sa mère ont toujours eu une relation fusionnelle. C'est cependant dans l'éloignement que la vie aura le dessus.
Premier roman de Constance Joly, qui travaille dans l'édition, ce combat d'une mère décidée à sauver à tout prix son enfant décrit l'angoisse, les espoirs déçus, les pensées irrationnelles et folles pour faire reculer l'inacceptable. Chaque matin, il faut affronter le « tigre ». Par ailleurs, les livres, entre autres ceux de Balzac, Queneau, Breton, font partie intégrante d'un cheminement. Ils permettent de mettre des mots sur la tempête des sentiments maternels. Les saisons qui passent, la nature et ses animaux familiers suscitent des moments d'évasion et sont des remparts contre le chagrin. Le style poétique, l'imaginaire puissant et la fine sensibilité de l'auteure font merveille pour cet ouvrage au charme indéniable assez proche d'un conte. (B.D. et M.-A.B.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.

Comme à la guerre




  • Auteur : BALNC-GRAS Julien
    Paris : Stock, 2019

    « Le jour de la naissance de mon fils, j'ai décidé d'aller bien, pour lui, pour nous, pour ne pas encombrer le monde avec un pessimisme de plus. Quelques mois plus tard, des attentats ont endeuillé notre pays. J'en étais à la moitié de ma vie, je venais d'en créer une et la mort rôdait. L'Enfant articulait ses premières syllabes avec le mot guerre en fond sonore. Je n'allais pas laisser l'air du temps polluer mon bonheur. »

    Roman d'une vie qui commence, manuel pour parents dépassés, réflexion sur la transmission, cette chronique de la paternité dans le Paris inquiet et résilient des années 2015-2018 réussit le tour de force de nous faire rire sur fond de tragédie.


    Des orties et des hommes




  • AUTEUR : PIGANI Paola
    Editeur Liana Lévi 2019

    L'enfance de Pia, c'est courir à perdre haleine dans l'ombre des arbres, écouter gronder la rivière, cueillir l'herbe des fossés. Observer intensément le travail des hommes au rythme des saisons, aider les parents aux champs ou aux vaches pour rembourser l'emprunt du Crédit agricole. Appartenir à une fratrie remuante et deviner dans les mots italiens des adultes que la famille possède des racines ailleurs qu'ici, dans ce petit hameau de Charente où elle est née. Tout un monde à la fois immense et minuscule que Pia va devoir quitter pour les murs gris de l'internat. Et à mesure que défile la décennie 70, son regard s'aiguise et sa propre voix s'impose pour raconter aussi la dureté de ce pays qu'une terrible sécheresse met à genoux, où les fermes se dépeuplent, où la colère et la mort sont en embuscade. Une terre que l'on ne quitte jamais tout à fait.
    Paola Pigani déploie dans ce roman, sans aucun doute le plus personnel, une puissance d'évocation exceptionnelle pour rendre un magnifique hommage au monde paysan et aux territoires de l'enfance.


    Alto Braco



  • BRAMBERGER Vanessa
    Auteur Liana Lévi 2019
    Brune a grandi au dessus du Catulle, le café parisien où officiaient les soeurs Douce et Granita Rigal, ses grands-mères adoptives, originaires de l'Aveyron, qui l'ont élevée après la mort de sa mère. Juste avant de mourir, Douce confie à Brune son désir d'être inhumée dans son Aubrac natal. Accompagnée de Granita, elle découvre alors cette terre rude et les secrets de la famille Rigal.


    Le berceau



  • Auteurs : CHESNEL Fanny
    Paris : Flammarion, 2019
    263p.
    Éleveur dans le Cotentin, Joseph, veuf et désormais à la retraite, se réjouit de la naissance prochaine de sa première petite-fille, lorsque le décès brutal de son fils dans un crash d'avion le propulse vers une destinée insoupçonnée sur les traces de la mère porteuse engagée par celui-ci au Canada.  

    Dans ce second roman plein de bons sentiments, Fanny Chesnel porte à son paroxysme la caricature de la famille contemporaine et l'adaptabilité que les couples homosexuels demandent à leur entourage. Les thèmes du deuil et de la filiation sont abordés avec beaucoup d'acuité. Ce père qui autrefois mettait sa famille au second plan, transfiguré par sa mission, surmonte tous les obstacles pour récupérer l'enfant, dernier lien de sang avec son fils. On sent la patte de la scénariste dans le déroulement de l'histoire : les caractères sont bien campés, les dialogues en acadien pétillants et plein d'humour. Le style alerte ne suffit cependant pas à faire adhérer à ces situations par trop invraisemblables et à une réflexion un peu sommaire sur la GPA. Le livre semble en revanche une bonne base pour un passage à l'écran.  (S.D. et M.-N.P.)
    Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


    Les Gratitudes



  • Vigan, Delphine de
    Editeur JC Lattès, 2019
    « Je suis orthophoniste. Je travaille avec les mots et avec le silence. Les non-dits. Je travaille avec la honte, le secret, les regrets. Je travaille avec l'absence, les souvenirs disparus, et ceux qui ressurgissent, au détour d'un prénom, d'une image, d'un mot. Je travaille avec les douleurs d'hier et celles d'aujourd'hui. Les confidences.
    Et la peur de mourir.
    Cela fait partie de mon métier.
    Mais ce qui continue de m'étonner, ce qui me sidère même, ce qui encore aujourd'hui, après plus de dix ans de pratique, me coupe parfois littéralement le souffle, c'est la pérennité des douleurs d'enfance. Une empreinte ardente, incandescente, malgré les années. Qui ne s'efface pas. »


    Les disparus de la lagune



  • DONNA, Leon
    Editeur Calmann-Levy 2018


    Le commissaire Brunetti, surmené par des dossiers compliqués, s'offre une retraite solitaire dans une superbe villa de l'île de Sant'Erasmo, loin de sa femme Paola et de son patron. Il a bien l'intention d'y passer ses journées à ramer sur la lagune vénitienne et à déguster des plats locaux. Mais soudain, le paradis vire au cauchemar quand le gardien de la villa, Davide Casati, disparaît lors d'un violent orage. Personne, pas même la femme qu'il rencontrait le soir en secret, ne sait où il se trouve. Brunetti prend aussitôt l'affaire en main, ignorant que son enquête va le mener à rouvrir d'anciennes blessures et à révéler des secrets scandaleux dissimulés depuis des années dans les brumes de la lagune.


    Une sirène à Paris



  • Auteurs : MALZIEU Mathias
    Paris : Albin Michel, 2019
    234p.
    Juin 2016. À Paris, la crue de la Seine devient préoccupante. Gaspard Snow circule en rollers le long des quais à la recherche du « Flowerburger », une péniche-cabaret que lui a léguée sa grand-mère décédée récemment et dans laquelle il se produit chaque soir en chanteur de rock. Attiré par une mélodie inconnue, il trouve une sirène blessée échouée sous un pont et décide de la ramener chez lui pour la soigner…

    Mathias Malzieu, connu pour son Journal d'un vampire en pyjama (NB janvier-février 2016) est aussi chanteur du groupe de rock Dionysos. Il renoue ici avec l'esprit de ses premiers romans en écrivant un conte poétique qui revisite « La petite sirène » d'Andersen (et constitue le scénario d'un prochain film). Au début du roman, le style inventif et pétillant de l'auteur fait de la description de la crue de la Seine un véritable feu d'artifice. Ensuite son aventure avec la ravissante créature qui pleure des larmes de nacre et possède un pouvoir magique semble abracadabrante pour des esprits cartésiens. Mais ceux qui savent entrer dans un univers surnaturel ou féerique apprécieront cette histoire qui privilégie l'imagination et encense l'amour, le souvenir, l'amitié, et le panache !  (E.L. et A.Be.)
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    La sonate de Franck



  • Auteur : SILVESTRE Pascal
    Editeur : JC Lattès, 2019
    Esther est la star du conservatoire de Grenoble, l'élève la plus douée. Vincent n'a pas son aisance et son rayonnement mais c'est déjà un musicien brillant. Lorsqu'elle lui propose de déchiffrer la Sonate de Franck, il ignore tout de la littérature pour piano et violon. Au fil des répétitions nait entre eux ce qui ressemble à un premier amour. Ils n'ont que 17 ans. Dans la grande salle du conservatoire, Vincent joue mal, Esther est déçue. Ce concert les marquera à vie. Il affectera toujours la personnalité de Vincent qui ne se sentira plus jamais à la hauteur ni du piano ni d'Esther.
    Vingt ans après, Esther et Vincent se retrouvent pour interpréter la même Sonate. Il n'a pas quitté Grenoble où il a trouvé un poste d'accompagnateur de la classe de chant. Elle est une soliste renommée qui parcourt le monde. Vont-ils réparer ce qui s'est joué il y a vingt ans ?

    Le roman épouse la forme de la Sonate et on se laisse porter par la musique de Franck, par la vie de ces deux musiciens qui l'interprètent, leur vocation, leur solitude, leur amour et leur besoin de consolation.


    Les dévorantes



  • Auteur : VILLANOVA Marinca
    Editeur : Eyrolles, 2019

    1942, Emma est enceinte, loin des siens. Elle imagine un petit garçon loyal et digne comme son père. Mais c'est une fille qui arrive, une enfant difficile qu'elle a du mal à aimer.

    1981, Angèle ne se sent pas l'âme d'une mère, elle ne sait comment faire avec cette fillette maigre et terne qui encombre son quotidien, ce petit animal effrayé dont il faut bien s'occuper. 2004, Karine vient d'accoucher. Elle se dit qu'elle devrait ressentir un amour océanique pour son bébé. Mais rien ne vient.

    Emma, Angèle, Karine. Trois filles, trois mères, trois générations. De l'une à l'autre, les composantes de la maternité se transmettent dans une haine calfeutrée, mais agissante. L'absence d'amour prend toute la place, se tisse dans le quotidien de l'enfance et s'installe, implacablement, résonnant jusque dans les relations amoureuses ou amicales. Les mères refusent leurs filles, et ce rejet inaugural, loin de les séparer, les lie solidement en une longue chaîne qui traverse le temps. Comment cesser d'être dévorée ? Comment cesser d'être une dévorante ?

    J'ai dû rêver trop fort



  • Auteurs : BUSSI Michel
    Paris : Presses de la Cité, 2019
    476p.
    À cinquante-trois ans, Nathalie, hôtesse de l'air, vit dans une bourgade de l'Eure, avec son mari artisan et sa seconde fille adolescente, dans une apparence de bonheur paisible et transparent. Elle s'apprête à assurer un vol vers Montréal : diverses coïncidences lui rappellent de façon stupéfiante une aventure amoureuse qu'elle a eue il y a vingt ans…
    Michel Bussi (On la trouvait plutôt jolie, NB janvier-février 2018) nous entraîne, en chapitres alternés entre 1999 et 2019, dans une aventure fantasmagorique rythmée par la musique de Bashung, où tout concorde pour que son héroïne se croie ensorcelée : elle refait le même parcours qu'en 1999, retrouve miraculeusement des témoins et des indices de sa passion ancienne et revisite intégralement ce qu'elle a vécu entre Montréal, Los Angeles, Barcelone et Jakarta. L'auteur cherche à intriguer mais aussi à émouvoir. Une succession de machinations extraordinaires, résolues en un dénouement invraisemblable par la révélation d'un secret de famille par ailleurs bien banal, nuit à la cohérence du suspense. Le lecteur, même indulgent, peine à s'intéresser aux états d'âme des héros de cette triste histoire. (E.L. et A.Be.)
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    Félix et la source invisible



  • Auteurs : SCHMITT Eric-Emmanuel
    Paris : Albin Michel, 2018
    226p.
    Félix, petit Sénégalais de douze ans, vit à Paris dans le quartier de Belleville avec Fatou, sa mère adorée, qui tient un café, le Boulot, où se retrouve une clientèle fidèle et haute en couleurs. Mais du jour au lendemain, elle sombre dans une profonde dépression. Miraculeusement, le père inconnu de l'enfant resurgit et les emmène en Afrique. Fatou y retrouve ses racines et guérit grâce aux pratiques animistes.
    Eric-Emmanuel Schmitt poursuit sa série du Cycle de l'invisible à la rencontre de spiritualité ou de culture (Madame Pylinska et le secret de Chopin, NB juin 2018). Les portraits des Sénégalais de France et des nouveaux arrivés de là-bas sont d'un humour irrésistible. Le mélange d'une (fausse ?) naïveté désarmante et d'un bon sens implacable suscite le rire. Mais on pleure aussi, tant le petit garçon est malheureux face à sa maman malade. L'écriture change de ton avec l'expédition en Afrique, dans une atmosphère différente et plus convenue. L'émotion disparaît, le folklore finit par lasser, la forêt au bord du fleuve ne livre aucun secret. Le retour à Paris s'accompagne d'une étrange envolée poétique et le livre se clôt sur des sentences morales d'une philosophie simpliste. (V.M. et M.S.-A.)
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    Personne n'a peur des gens qui sourient



  • Auteurs : OVALDÉ Véronique
    Paris : Flammarion, 2019
    267p.
    Pourquoi Gloria arrache-t-elle si brutalement ses filles (quatorze et huit ans) à leur douce existence méditerranéenne pour les exiler en Alsace dans une maison de famille inhabitée ? Et quels rôles Samuel, son mari aimé, Gio, un oncle d'adoption bienveillant, et Santini, un avocat douteux, ont-ils joué dans sa vie ? Ils accompagnent Gloria, habitée par l'absence de mère, la mort du père, le désir de protéger ses enfants.
    Dans ce roman noir très habilement construit pour déstabiliser le lecteur, au style personnel, vivant, drôle, Véronique Ovaldé (À cause de la vie, NB juillet-août 2017) dessine des personnages troubles. Ils ont, de différentes manières, utilisé l'héroïne qui se révèle perspicace, décidée à prendre sa vie en main. Des retours en arrière livrent une enfance solitaire et rêveuse, une adolescence exaltée, une instabilité profonde générée par de multiples errances. Pour les éviter à ses filles dont elle subit l'opposition, la justicière, selon un scénario subtilement pensé, instille ses révélations dans une atmosphère pesante bien entretenue et solde son passé avec efficacité. Sa mission accomplie et sourire aux lèvres, l'innocente (!) Gloria se retire en Corse dans la solitude et l'oubli. (A.C. et M.S.-A.)
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