les nouveautés de septembre

Les Bourgeois
Auteurs : FERNEY Alice Arles : Actes Sud, 2017 368p. env.
Novembre 2013. Jérôme Bourgeois, quatre-vingts ans, meurt brutalement au moment de se séparer de la maison familiale devenue trop grande pour les vieux jours du couple. Huitième enfant d'une fratrie de dix, Jérôme est né de l'union d’Henri et Mathilde, mariés à la fin de la Grande Guerre. Ils ont fait du patriotisme et des valeurs de la droite chrétienne les fondements éducatifs de leur nombreuse descendance. L'histoire de ce clan Bourgeois est retracée et commentée depuis les grands-parents, nés à la fin du XIXe siècle, jusqu'à aujourd'hui.
Alice Ferney (Le règne du vivant, NB novembre 2014) ne suit pas la ligne convenue de la saga familiale, lui préférant une mosaïque à la chronologie recomposée, comme dans un album de photos. Les événements familiaux sont en lien avec l'histoire de la France et du monde au XXe siècle – celle des guerres d'Indochine et d'Algérie en particulier. Le regard actuel souligne souvent l'évolution considérable des idées, des modes de vie et des mentalités que cette famille emblématique veut ignorer. Les destins individuels s'insèrent adroitement dans les épisodes historiques très bien documentés et, avec quelques répétitions, l'analyse psychologique de ce roman attachant est menée avec finesse. (M.M. et M.W.)
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Le courage qu'il faut aux rivières
Auteurs : FAVIER Emmanuelle Paris : Albin Michel, 2017 216p.
Dans un petit village des Balkans, Manushe est une de ces « vierges jurées » qui ont renoncé à leur féminité, fait le serment de rester vierges et endossé le statut d’homme. Elle vit une vie paisible, respectée de tous. L’inconnu qui frappe à sa porte et qui va être accueilli par la communauté la déstabilise et réveille en elle des désirs enfouis. Leur connivence va bientôt choquer les villageois.
Emmanuelle Favier entame sa carrière de romancière avec une étrange histoire basée sur des faits réels. Dans les montagnes albanaises, des femmes ont prêté un serment inviolable et obtenu de vivre en hommes. S’il en allait souvent de leur survie, d’autres se le virent imposer pour le bénéfice de la famille. Après un recueil de poèmes, ce premier roman parle de genre et peu de sexe, d’enfance factice et d’identité volée, de négation des corps. Ancrées dans une communauté ou en errance pour fuir au plus loin une jeunesse de cauchemar, ces femmes ont une aura qui les distingue, une intensité que rend l’écriture poétique et la précision des mots. Avec ce roman, on entre dans un paysage inconnu, à la fois fragile et rude, envoûtant. (M.-F.C. et Maje)
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L'avancée de la nuit
Auteurs : ALIKAVAZOVIC Jakuta Paris : Éd. de l'Olivier, 2017 278p.
Paul, étudiant le jour, gardien dans un hôtel la nuit, est fasciné par Amélia chez laquelle tout est mystère : ses allées et venues comme les rumeurs qui l’entourent concernant un père fortuné, une mère poétesse, son indépendance inouïe… Un soir, Amélia descend le retrouver à la réception. Ils s’aimeront passionnément puis elle disparaît. Paul ignore qu’elle s’est rendue à Sarajevo à la recherche de sa mère. Dix ans s’écouleront avant que les amants se retrouvent réunis pour un temps car elle disparaitra après avoir donné naissance à une petite Louise…
Dans un roman dense, parfois cruel, parfois tendre, mais jamais mièvre, Jakuta Alikavazovic évoque ce qui est perdu et ce que l’on parvient à savoir… quitte à l’inventer. Au milieu des atrocités de la guerre civile dans les Balkans, comme dans le calme trompeur d’une grande ville, elle oppose deux amants aux caractères forts mais crispés dans le genre « je t’aime moi non plus », excluant toute condescendance mais allant au bout de leurs convictions. Elle livre un texte relativement difficile à lire en raison des interpénétrations de récits et des constants allers et retours, mais l’effort consenti est récompensé par la description du cheminement de héros très typés. (J.M.)
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La fonte des glaces
Auteurs : BAQUÉ Joël Paris : POL, 2017 382p.
Louis vit une retraite toulonnaise paisible, rythmée par un quotidien routinier. Ce fils tendrement couvé par sa mère veuve, lui-même veuf sans enfant, a eu une vie banale d’artisan charcutier. Un jour, dans une brocante, il achète un manchot empereur empaillé. Sa passion pour le palmipède bouleverse sa vie jusqu’à le mener aux pôles et le hisser à une notoriété bien involontaire…
Dans cette fable burlesque, Joël Baqué poursuit son oeuvre de moraliste sur les déviances de notre monde. Après les dérives de la finance internationale (La salle, NB mai 2015), il s’attaque au réchauffement climatique… et le résultat est inénarrable, même s'il pousse parfois le bouchon un peu loin, surtout à la fin. Il a un joli don de conteur et son style inventif, riche en images, métaphores et trouvailles piquantes illustre avec bonheur une tournure d’esprit originale et une imagination féconde particulièrement dans quelques scènes d’anthologie : visites d’un Louis emmitouflé à ses manchots dans le grenier-banquise réfrigéré de son pavillon, scène de séduction d’une femelle dans l’Antarctique… Quant à son personnage principal, monsieur Tout-le-monde pris d’une passion hors norme, on fond pour lui comme les icebergs.  (L.K. et A.-M.D.)
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La salle de bal
Auteurs : HOPE Anna Trad. de l' anglais par Élodie Leplat. Paris : Gallimard, 2017 250p. env. Collection : Du monde entier
En 1911, dans l'asile d'aliénés de Sharston dans le Yorkshire, hommes et femmes vivent dans des bâtiments séparés. Ils se rencontrent le samedi soir, dans la superbe salle de bal de l’asile. L’orchestre amateur est dirigé par le docteur Fuller qui se passionne pour les recherches sur l’eugénisme et le contrôle des fous et des faibles d'esprit. C’est là que se découvrent et s’aiment Ella et John. Mais la malfaisance de Fuller va les séparer de façon irrémédiable : enceinte, Ella doit partir sans espoir de revoir John.
L’asile dont il est question dans ce deuxième roman d’Anna Hope n’est pas le fruit de son imagination. S’inspirant de l’histoire vraie de son arrière-grand-père, elle reconstitue avec un réalisme effrayant la dureté des traitements subis par les patients au début du XXe siècle dans un asile d'aliénés et les expériences inhumaines tentées sur eux. Elle peint avec beaucoup de tendresse et de finesse, dans ces lieux à l'écart du monde, l'éclosion d'un amour improbable en butte à un encadrement barbare et la force de sentiments qui survivent même dans les pires conditions. Cette histoire d’amour contrarié sur fond d’histoire de l’eugénisme en Grande-Bretagne est un émouvant hymne à l’espérance. (J.M. et M.-N.P.)
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Summer
Auteurs : SABOLO Monica Paris : JC Lattès, 2017 315p.
Il faisait très beau ce jour-là au bord du lac Léman. Les Wassner, leurs enfants Summer et Benjamin, quelques amis, tous merveilleusement riches et beaux – sauf peut-être Benjamin, adolescent bourré de tics – fêtaient la fin du lycée. Summer, dix-neuf ans, et trois copines sont parties un moment jouer à cache-cache dans le bois. Elle n’est jamais revenue. Les eaux du lac sont restées lisses et mystérieuses. Un silence général a ensuite recouvert le drame mais, vingt-cinq ans plus tard, Benjamin veut enfin sortir de ce déni mortifère.
Après Crans-Montana (NB octobre 2015), Monica Sabolo explore à nouveau le monde ambigu de l’adolescence dans les milieux helvétiques huppés où tout n’est apparemment qu’aisance et réussite programmée. Mêlant passé et présent, Benjamin, le narrateur, nous introduit dans sa famille où le paraître et le secret sont érigés en règles qui ne sauraient être transgressées. Malgré une fragilité nonchalante, il va, par amour pour Summer, défier l’omerta familiale grâce à une psychothérapie. Ce thriller psychologique est servi par une écriture percutante et poétique où sont distillés non-dits, allusions ténues, détails infimes. Le charme désenchanté du roman tient aussi à la présence envoûtante de l’eau et ses profondeurs inquiétantes, si essentielle à Monica Sabolo.  (C.-M.T. et C.G.)
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La beauté des jours
Auteurs : GALLAY Claudie Arles : Actes Sud, 2017 416p. env.
Jeanne est d’une nature heureuse et elle a tout pour l’être : un mari aimant, deux filles, jumelles, étudiantes à Lyon, un job stable, une amie chère, plaquée par son mari, à réconforter, un clan familial soudé qu’elle retrouve chaque dimanche à la ferme. Alors pourquoi admire-t-elle une curieuse artiste qui réalise des performances extrêmes et qu’espère-t-elle d’un ami d’enfance retrouvé par hasard ?
De quoi est fait le bonheur ? C’est à travers le beau portrait d’une femme vraie, simple, profonde, sensible, positive, joyeuse et très attachante que Claudie Gallay, (prix CBPT 2009 pour Les déferlantes), pose la question. Vaut-il mieux mener une vie calme et bien rangée ou céder au besoin d’être différent ? C'est en partie grâce aux oeuvres et aux initiatives d’une artiste-performeuse que l’auteur, elle-même attirée par les modes d’expression modernes (Détails d’Opalka, NB mai 2014), guide son héroïne vers une possibilité de réponse. Un style « raboté », léger et habité, de courts chapitres épousent les fluctuations des pensées de Jeanne, animent sa vie et celles de son entourage. Ce joli roman est aussi un hommage rendu à la riche humanité des gens ordinaires. (L.K. et A.-M.D.)
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Frappe-toi le coeur
Auteurs : NOTHOMB Amélie Paris : Albin Michel, 2017 168p.
1971. Marie, toute jeune étudiante en secrétariat, a bien l’intention d’en profiter avant de faire, comme sa soeur aînée, un mariage et des enfants. C’est sans compter sur le charme d’Olivier qu’elle épouse à dix-neuf ans, enceinte. Quand Diane naît, cette toute jeune maman se désintéresse de cette enfant qui lui a volé sa beauté et sa jeunesse. Suivront Nicolas, qu’elle aime sereinement, et Celia, qu’elle adule ridiculement. Diane va devoir grandir sans l’amour de Marie jusqu’à sa rencontre avec Olivia Aubusson, son professeur de cardiologie…
On ne présente plus Amélie Nothomb (Riquet à la houppe, NB octobre 2016) qui signe ce vingt-sixième roman avec une plume trempée dans la jalousie et le mépris des mères. Son écriture rapide et efficace va au coeur du problème affectif et relationnel mère/fille. Histoire banale d’une mère trop jeune, d’une enfant pleine d’un amour frustré, d’une mère de substitution et du cocktail explosif des sentiments tus, ravalés et cachés. Avec finesse et subtilité, elle effleure un sujet extrêmement profond et garde la légèreté du champagne pour asséner des vérités brutales et violentes. La lecture laisse un moment de pétillement dans l’air alors que l’intensité de la réflexion envahit le lecteur. Un très bon Nothomb ! (E.A. et C.-M.T.)
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Ne fait confiance à personne
Auteur : Paul CLEAVE Sonatine, 2017
Il y a pire que de tuer quelqu’un : ne pas savoir si on l’a tué.

Une mer si froide
Auteur : Linda HUBER Les presses de la cité, 2017
il aura suffi de quelques minutes d'inattention... en vacances au bord de la mer avec ses parents et son frère, Livvy, trois ans, disparaît. et reste introuvable. La police conclut rapidement à une noyade, pourtant sa mère refuse de se résigner. Mais comment sauver une enfant que tout le monde croit morte ?

Souvenirs de la marée basse
Auteur : Chantal THOMAS Seuil, 2017
Nager. Nager pour fuir les contraintes, pour échapper aux vies imposées, aux destins réduits, aux disciplines. C’est ce qu’a sans doute ressenti Jackie toute sa vie, démarrée en 1919 et prolongée pendant presque un siècle dans une liberté secrète, obstinée, qui la fit jusqu’à la fin parcourir des kilomètres pour aller se baigner sur sa plage préférée, à Villefranche-sur-Mer.

Ces rêves qu’on piétine
Auteur : Sébastien SPITZER L’observatoire, 2017
Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIe Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l’Allemagne nazie. L’ambitieuse s’est hissée jusqu’aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu’elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s’enfonce dans l’abîme, avec ses secrets.