mardi 7 mars 2017

COMITE DE LECTURE MARS 2017





L'amie prodigieuse : enfance, adolescence   



Auteurs : FERRANTE Elena
Trad. de l' italien par Elsa Damien.
Paris : Gallimard, 2014
388p. env. Collection : Du monde entier
Elena et Lila, enfants des quartiers défavorisés de Naples, toutes deux bonnes élèves, vivent une amitié exigeante et forte. Seule Elena poursuivra des études jusqu’au lycée. Surdouée mais sans aide familiale Lila, au caractère dur, aux intuitions fulgurantes, rejoint la cordonnerie paternelle : elle y crée des chaussures remarquées. Elle domine, manipule, façonne Elena, se coule en elle, l’aide et la conseille avec une énergie passionnée. Intermittences du coeur, premiers émois du corps alimentent leurs confidences d’adolescentes et Lila accepte un mariage fatalement inscrit dans la destinée des filles dans les années 1950-1960.
Elena, la narratrice, fait revivre Naples au temps cinématographique du réalisme italien. La sociologie des quartiers, la rivalité et la violence des habitants parlant le dialecte, l’aspiration au bien-être, la condition féminine servent de toile de fond à l’analyse psychologique très travaillée et subtile des deux héroïnes. Les frustrations de l’une, la subordination de l’autre, puis sa distanciation et enfin la construction de son identité profonde sont le véritables sujet de ce passionnant roman écrit par la mystérieuse écrivaine de Les jours de mon abandon (NB août-septembre 2004). Le lecteur attend la suite de cette amitié indissoluble.
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.



Le nouveau nom (L'amie prodigieuse ; 2)



Auteurs : FERRANTE Elena
Trad. de l' italien par Elsa Damien.
Paris : Gallimard, 2016
553p. Collection : Du monde entier
1960. Lila et Elena, seize ans, vivent à Naples dans le quartier pauvre de leur enfance, berceau de leur indéfectible
amitié. Lila déjà mariée à Stefano, épicier riche et brutal, soumis à la Camorra, comprend vite son erreur. Elena poursuit ses études au lycée. Un dernier été à Ischia les réunit : bains de mer, émois sexuels, rencontres des amis de toujours sont leur quotidien, faussement insouciant. Nino, l’amour fantasmé d’Elena, séduit Lila, précipitant sa déchirante et courageuse déchéance. Brillante étudiante à Pise, Elena s’inspire de ces vies pour écrire un roman…
Répertoriés en début de livre, tous les personnages de L’amie prodigieuse (NB décembre 2014) se retrouvent dans le second tome de cette saga napolitaine addictive et envoûtante. Sans aucune sensiblerie, l’analyse subtile et approfondie des destins enchevêtrés et divergents des deux héroïnes souligne l’ambiguïté et le caractère complexe de leurs sentiments (amitié-passion, amour-haine), les situations sociales discriminantes, la place de la femme sans instruction dans l’Italie de 1970. L’habileté de la construction, la justesse d’une écriture charnelle et précise rendent fluide la vie intense de tous ceux qui jouent dans ce roman prodigieux. (A.C. et D.C.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.



Celle qui fuit et celle qui reste (L'amie prodigieuse ; 3)

 

Auteurs : FERRANTE Elena
Paris : Gallimard, 2017
479p. Collection : Du monde entier
À Naples, dans les années 1960-1970, Lila et Elena, les indissociables amies-ennemies d’enfance, se sont émancipées de leur milieu. Contrainte de travailler en usine, Lila, lucide et intelligente, milite pour la cause ouvrière, soutenue par Elena. Fascistes et communistes s’affrontent violemment, la mafia s’embusque. Elena a écrit un roman remarqué et s’installe à Florence avec son mari universitaire, issu d’une famille de célèbres intellectuels de gauche. En pleine crise d’autodénigrement, insatisfaite de son statut de mère au foyer – elle s’intéresse au mouvement féministe naissant –, Nino, son amour de jeunesse, réapparaît...
Après Le nouveau nom (NB mars 2016), ce troisième tome de la saga napolitaine, L’amie prodigieuse, réunit à nouveau les personnages des deux premiers. L’histoire s’inscrit ici dans les événements politiques et sociologiques de l’époque. Avec finesse et rigueur, l’auteur explore la palette si nuancée des sentiments amicaux, amoureux et sexuels des deux héroïnes dont elle livre une éclairante psychanalyse. Elena écrit son autobiographie parfois interrompue par la narration des aventures de Lila. Et dans un pays en pleine mutation se croisent des parcours romanesques au suspense savamment entretenu dont il est difficile de se détacher ! (A.C. et L.C.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


BRISER LA GLACE



Julien BLANC-GRAS
Ed. Paulsen
184p.
Récit de voyage autobiographique en Arctique, Julien Blanc -Gras va au Groënland pour briser les images d’Épinal de cette terre.
En voilier, accompagné de deux marins et d'un peintre, il fait du cabotage le long de la côte ouest de la baie de Disko, du sud au nord, de Nouk la capitale à l’inlandsis ou calotte polaire, en passant par Ilulissat capitale touristique où se trouve le plus important glacier de l'hémisphère nord.
Il nous décrit la variété des paysages faits de toundra, d'agrégats de pierres, la beauté et la magie des icebergs et des aurores boréales.

Nous découvrons l’histoire du pays peuplé par les vikings (Xe au XVe siècle), les danois, les inuits.
Nous partageons le mode de vie de « ce peuple ancien au présent confus » attaché à sa culture traditionnelle (chasse à la baleine, aux phoques) mais pris dans une urbanisation croissante.
Un peuple qui tente de « s'inventer un futur », en s'affranchissant de la tutelle danoise, en développant l'exploitation de ses mines d'uranium et de ses ressources pétrolières.
Livre-témoignage de l'impact du changement climatique : le glacier recule de trente mètres par jour, la surface et l’épaisseur de la banquise ont diminué de moitié en un demi-siècle.
Récit intéressant parsemé d'anecdotes, de rencontres, plein d'humour, qui ne se targue pas d'être pédagogique.
Le lecteur voyage et s'instruit agréablement sans jamais s’ennuyer ! (PF)




Congo requiem



Auteurs : GRANGÉ Jean-Christophe
Paris : Albin Michel, 2016
726p.
Comme son père avant lui, Erwan est flic. Fraîchement débarqué du Quai des Orfèvres au Congo Kinshasa, il rêve de coincer son géniteur en élucidant un meurtre vieux de quarante ans, injustement attribué par son père à un serial killer. C’est le début d’un fiasco professionnel et familial qui touchera son frère et sa soeur restés à Paris.
Dans un pays gorgé d’humidité et de sang, secoué par les conflits ethniques menés par des chefs de guerre en surchauffe et gangrené par les trafics miniers et la corruption, Grangé nous transporte en enfer sur fond de magie Yombé. Le rythme est effréné, le bourbier africain des plus réalistes et le monde des « ngangas » se rappelle aux lecteurs de Lontano (NB novembre 2015) dont ce livre est la suite. Une histoire labyrinthique, mortifère et excitante, basée sur les traumatismes de l’enfance et la haine d’un père à la fois dieu et démon ; une histoire extravagante dominée par la violence et la folie des hommes, blancs et noirs confondus. Si Jean-Christophe Grangé abuse parfois des formules et va très loin dans les descriptions des meurtres rituels, la mécanique narrative reste implacable et le roman, quoique long, terriblement efficace. (Maje et B.T.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.



Et tu trouveras le trésor qui dort en toi



Laurent GOUNELLE
Tout commence le jour où Alice, une jeune femme dynamique et audacieuse, retrouve son ami d’enfance, Jérémie. Devenu prêtre de campagne, il lui confie être accablé par le faible nombre de fidèles qui le suivent. Athée et conseillère en communication, Alice se met en tête de l’aider à sa manière. Amenée par la force des choses à se plonger dans le monde de la spiritualité, du christianisme à l’hindouisme, du taoïsme au bouddhisme, Alice va découvrir une vérité universelle particulièrement troublante.
Dans ce nouveau roman émouvant et captivant, Laurent Gounelle nous entraîne dans un univers passionnant à la découverte de ce qui permet à l’homme de s’élever dans une autre dimension, où ses actes sont puissants et sa joie, un état durable.




Kabukicho



Auteurs : SYLVAIN Dominique
Paris : Viviane Hamy, 2016
277p.
À Kabukicho, quartier chaud de Tokyo, « bars d'hôtes » et « bars d'hôtesses » proposent des rencontres tarifées avec ou sans sexe. Le beau Yudai gère le Café Château destiné à la clientèle féminine. Il entretient une relation particulière avec une Anglaise, Kate Sanders, hôtesse du Club Gaia, fréquenté par les messieurs. Kate disparaît. À Londres, son père reçoit une photo avec un message: « elle dort ici ». On retrouve son corps : elle a été enterrée vivante ! Il débarque à Tokyo. Avec l'aide de Marie, une Française colocataire et amie de Kate, il cherche à comprendre. De son côté, le capitaine Yamada mène l'enquête officielle. Une machination diabolique va se révéler progressivement
L'auteur (Guerre sale, NB mai 2011), qui a passé dix ans au Japon, abandonne ses héros récurrents pour une plongée dans les bas-fonds. L'atmosphère glauque des nuits de Kabukicho est bien rendue. On y voit évoluer des personnages que l'ambition, l'argent, les passions conduisent à la violence et au crime. L'ombre des yakusas n'est pas loin... On suit sans déplaisir leurs aventures aux multiples rebondissements, racontées dans un style vivant jusqu'à un dénouement surprenant. La complexité de l'intrigue ne découragera sans doute pas les fidèles de Dominique Sylvain. (D.A. et D.D.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.



Les Larmes noires sur la terre




Auteurs : COLLETTE Sandrine
Paris : Denoël, 2017
333p. Collection : Sueurs Froides
Six ans après avoir quitté son île du Pacifique pour Paris, Moe tente de survivre avec son nourrisson. Errant de mésaventure en mésaventure, elle est conduite par les services sociaux à la Casse, centre d’hébergement pour déshérités. Avec stupéfaction elle découvre que, dans cette immense prison à ciel ouvert, les logements sont des carcasses de voitures embouties, posées sur des cales. Au milieu de ce cauchemar, on lui attribue une vieille Peugeot dans une ruelle où, par miracle, elle et son enfant sont pris en charge par un groupe de femmes qui s’entraident pour affronter l’épouvantable noirceur du lieu.
Après S’il reste la poussière (NB mars 2016), Sandrine Collette écrit un nouveau récit halluciné, planté dans le décor dantesque de la Casse où les habitants survivent plus qu’ils n’habitent. Elle imagine un monde à peine futuriste où des existences coupées de tout sont soumises à des règles et à des hommes impitoyables. Seules quelques femmes gardent un fond d’humanité. Accumulation de catastrophes, situations plus misérables les unes que les autres... Certes, l’excès nuit à la juste dénonciation et à l'empathie, mais heureusement l’écriture volcanique, âpre, qui multiplie les uppercuts, emporte malgré tout. (C.R.-G., A.Le. et S.L.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.



Le saut de l'ange



Auteurs : GARDNER Lisa
Trad. de l' anglais par Florianne Vidal.
Paris : Albin Michel, 2017
471p. env.
Gravement blessée dans un accident de voiture où elle semblait seule en cause, Nicole Frank ne cesse de réclamer une petite Vero, introuvable. Sortie de son luxueux véhicule, elle rampe, l’esprit confus… La police du New Hampshire la prend en charge, mais que de surprises devant l’état de la voiture et celui de la conductrice qui sent l’alcool à plein nez et pourtant ne dépasse pas le taux légal dans le sang ; et qui est Vero ? On diagnostique un stress post-commotionnel, pour la troisième fois en quelques mois, ses discours sont décousus, le mari est peu coopératif : ils sont là depuis peu, travaillent chez eux, solitaires… Les policiers et son amie s’interrogent, Nicole aussi.
Le couple Frank et celui du policier fonctionnent en parallèle, entre souvenirs difficiles et attachements très forts. L’héroïne, cependant, est tellement incohérente qu’on perd patience : conte de fées ou récit monstrueux ? L’élucidation du drame est riche en suspense et surprises, comme souvent chez cette reine du thriller américain (Famille parfaite, NB décembre 2015) : tout s’emboite, même les détails saugrenus : apparaît alors une vérité glaçante liée au pouvoir de l’argent. Des images atroces, des tragédies, un thriller diablement ficelé. (E.B. et A.Be.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.


Tout ce dont on rêvait



Auteurs : ROUX François
Paris : Albin Michel, 2017
324p. env.
Justine, jeune infirmière dans un service psychiatrique, déçue par onze années de cafouillages sentimentaux, s’entoure d’amis homosexuels et règne sur eux en petite princesse délurée, toujours prête à boire et danser jusqu’au bout de la nuit. Justine traque néanmoins l’homme qui saurait la satisfaire… Une nuit dans un bar elle flashe sur deux frères. L’un sait la séduire et l’embarque dans une liaison torride et éphémère dont elle ne se remettra jamais tout à fait… Pourtant c’est l’autre, l’aîné, réellement amoureux d’elle, qu’elle épouse. Sa tendresse attentive la rassure et l’émeut, elle qui a tant manqué d’amour paternel. Le couple, leurs deux enfants se sont installés dans un bonheur tranquille. Mais Nicolas perd, à quarante-neuf ans, son poste de directeur administratif et financier dans un grand groupe hôtelier. Commence alors une lente déconstruction faite de désillusions, de comportements inconséquents et d’errances. Comment vont évoluer les relations familiales dans cette tourmente ?
Après Le bonheur national brut, portrait d’une génération, de 1981 à 2012, François Roux poursuit cette fois sur une vingtaine d’années une étude sociologique et psychologique très fouillée, caustique et incisive de personnages ancrés dans l’époque actuelle. Une période marquée par le désarroi face à la politique, la montée du FN, la précarité, et l’angoisse après les attentats terroristes de 2015. Si les conséquences humaines du chômage, thème central de ce roman, sont à l’évidence dans toutes les consciences, le portrait par petites touches de ce couple déstabilisé est d’une troublante acuité. Tendresse bafouée, jalousie, dépossession, pudeur, sens du devoir, tout se joue dans l’ambiguïté, les mystères et les ressorts insoupçonnés de l’intimité conjugale… Et seule la plume d’un grand romancier et connaisseur de l’âme humaine est capable d’entraîner dans de tel méandres. Impressionnant !
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire