Nouveautés de Janvier 2017

Le Bureau des Jardins et des Étangs
Auteurs : DECOIN Didier Paris : Stock, 2017 387p
Katsuro, pêcheur talentueux et respecté, fait la célébrité d’un pauvre village du Japon médiéval : il sait sélectionner, soigner les plus belles carpes destinées aux temples impériaux de la capitale. À sa mort, Miyuki, sa femme, habitée par la présence sensuelle de Katsuro poursuit son oeuvre, fidèle à son enseignement. Après un périple à haut risque et de nombreuses aventures, la jeune femme livre ces poissons d’exception au Maître des Jardins et des Étangs qui va changer le destin de cette messagère courageuse mais à l’odeur naturellement répulsive !
Paysages, rites, symboles et moeurs des habitants défilent dans ce recueil d’estampes japonaises, peintes par un romancier à l’imagination fertile mais librement inspirées par les oeuvres d’écrivains et d'artistes issus de la tradition. Dans ce conte moral un peu trop fabriqué, Didier Decoin, l'auteur de La pendue de Londres (NB juillet-août 2013) décrit le parcours initiatique d’une héroïne, figure emblématique de fidélité conjugale. Tous les sens, particulièrement l’odorat, y sont exaltés. L’écriture raffinée, riche, pénétrante, révèle, dans un monde cruel, onirique et à l’érotisme évocateur, le goût de l’auteur pour la poésie. (A.C. et A.Be.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.

Le premier miracle
Auteurs : LEGARDINIER Gilles Paris : Flammarion, 2016 522p
Un homme apparemment insoupçonnable tue pour se procurer un étrange miroir, trésor sumérien. Benjamin Horwood, historien d’art et archéologue, est approché par la ravissante Karen, agent de sécurité du Secret Intelligence Service britannique. D’autres objets de la même époque disparaissent. Voilà le duo en chasse, dans des lieux magiques, contre un adversaire féroce et mystérieux. Une jolie histoire d’amour se mêle à l’aventure, les sous-sols d’Abou Simbel, Hermès Trismégiste, des souvenirs nazis : le tout relié prend un autre sens !
On est chez les "Aventuriers de l’Arche perdue", dans un thriller historique qui montre comment sauver la civilisation des griffes de méchants conspirateurs. Le héros a un très solide sens de l’humour malgré son coeur brisé et sa maladresse, l’atmosphère est chevaleresque, les filles sont intelligentes et belles et le rythme endiablé, le suspense soutenu. Gilles Legardinier, écrivain et réalisateur de cinéma, a encore mieux réussi son nouveau roman que Nous étions les hommes (NB avril 2011). La fin est sympathique et cela ferait un joli film ! (E.B. et M.S.-A.
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.

La malédiction de Svetlana
Auteurs : ROBIEN Beata de Paris : Albin Michel, 2016 552p
Née en 1926, Svetlana est l’unique fille des trois enfants de Joseph Staline. Sa mère se suicide lorsqu’elle a six ans. Elle vit au Kremlin en princesse, sans aucune notion des réalités matérielles ni de la misère qui l’entoure. En 1967, elle fuit l’URSS pour les Etats-Unis, abandonnant deux enfants nés de deux de ses trois mariages. La publication de ses mémoires lui apporte une opulence éphémère. Après un nouveau mariage malheureux, de multiples déménagements, une tentative ratée de retour au pays, elle finit sa vie dans la misère.
Fille d’un homme qu’elle vénérait comme un dieu avant de réaliser que c’était un monstre et de le haïr, Svetlana est peu connue du grand public. Beata de Robien (Fugue polonaise, NB juin 2013, prix Culture et Bibliothèques Pour Tous 2014) a consulté de nombreuses archives pour ce portrait passionnant, tracé avec acuité, d’une personnalité instable, colérique, impulsive, naïve, prodigue, sans aucun sens pratique et malgré tout attachante. On découvre une femme déracinée, stigmatisée par cette étiquette de "fille de", désavouée par ses enfants russes, instrumentalisée à la fois par la CIA et le KGB, de plus en plus déprimée et menant une vie d’errance à la recherche du bonheur. Un destin tragique relaté dans une belle écriture classique. (L.G. et M.-N.P.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.

Les règles d’usage
Auteurs : MAYNARD Joyce Trad. de l' anglais par Isabelle D. Philippe. Paris : Philippe Rey, 2016 471p
Wendy, treize ans, et son petit frère Louie perdent leur mère le 11 septembre dans l’attentat des Twin Towers où elle travaillait ; après l’espoir de son retour, vient le désespoir devant la réalité. Dans ce monde bouleversé, l’adolescente va devoir apprendre à faire et assumer ses propres choix et à quitter l’enfance. Lorsque son père biologique, absent jusqu’à présent, vient la chercher pour l’emmener en Californie, elle part avec lui le coeur brisé à l'idée d’abandonner son beau-père Josh et Louie. Cependant elle espère que ce changement lui fera oublier son chagrin.
Joyce Maynard (Les Filles de l’ouragan, NB février 2012) montre les répercussions d’un drame sur une famille recomposée. Les relations père-fille, frère-soeur, amis-amoureux sont finement analysées et les personnages secondaires ont de l’étoffe. Les rêves de la jeune fille, les évocations de son passé avec sa mère qui surgissent constamment dans sa vie quotidienne, ses premiers émois, tout sonne juste. Ce récit bouleversant sans trop de pathos, plein d’empathie, est un hommage aux victimes du terrorisme et à leurs proches. Après la révolte contre l’injustice d’un tel malheur, une fois tombées en désuétude "les règles d’usage", chacun doit réinventer sa vie. Un magnifique roman. (M.-F.C. et L.G.)
Document issu du site internet L'hebdo des Notes. Les droits de reproduction sont réservés et strictement limités.

Flic
De Michel Neyret Editeur : Plon, 2016
Être flic pour Michel Neyret enfant de mineur, est une vocation. Ce qui lui plaît, c’est l’ambiance de terrain, l’adrénaline, la traque des truands. Il raconte ses années à Lyon, ses relations avec les indics, essentielles pour lui au bon déroulement des opérations. Être informé de ce qui se trame donne une longueur d’avance au flic. Lors de ses dernières années de fonction, il est monté en grade et change de travail. Il passe du braquage de banques et de bijouteries, du trafic de drogue à la corruption et la spéculation financière. Il va chercher à se trouver de nouveaux indics, ce qui l’entraîne dans des fréquentations douteuses et va entraîner sa perte.
Michel Neyret se montre travailleur, passionné, attachant et honnête. Les réflexions sur les transformations de la société sont intéressantes : l’ascenseur social que représente le trafic de drogue pour les jeunes de banlieues...(MC)

La chimiste
Stephenie Meyer JC Lattès
Alex, qui travaille pour une agence américaine secrète en tant que spécialiste dans les tortures chimiques, d’où le surnom « la chimiste », en sait trop . Elle va devenir la femme à abattre. Cependant, elle accepte de rempiler pour une mission proposée par son ancien boss : elle doit neutraliser une attaque terroriste, soit disant effectuée par un certain Daniel Beach, professeur en université. Elle se rend compte que cet homme est innocent, alors, mission ou trahison ? Elle va devoir fuir avec lui, ce qui est très compliqué pour elle habituée à être seule.
On assiste à une course poursuite haletante, des scènes de tortures bien décrites. On passe un bon moment, même si il n’y a pas beaucoup d’imprévus.(ACM)

Les corps fragiles
D’Isabelle Kauffman Editeur : Le passage, 2016
Isabelle Kaufmann raconte la vie de Marie-Antoinette, première infirmière  libérale française (métier reconnu en 1947). Née en 1937, elle a vécu une enfance à la campagne. Elle a une éducation protestante avec des parents indulgents, tolérants et aimants. Elle a eu sa vocation à 6 ans, en voyant les mains de sa vieille voisine atteinte de polyarthrite rhumatoïde : elle aiderait et soignerait ceux qui souffrent.On va suivre son parcours professionnel qui aura lieu à Lyon.
L’auteur nous fait le portrait d’une femme vive, optimiste, pugnace, patiente et surtout passionnée et engagée dans un métier difficile, nécessitant rigueur, expérience et présence d’esprit. L’originalité du livre tient au fait que les chapitres sont présentés en fonction des parties du corps. On apprend plein de choses sur l’évolution du métier, et il fourmille d’anecdotes et de rencontres. (PF)

Cinq tableaux
De Anne Richet Editeur : Marie B Eds, 2016
Marc est guide-conférencier au musée des Beaux-Arts de Lyon, quand un jour un avocat Jean-Jacques Lévy jette le doute sur cinq tableaux* de maîtres qui proviendraient de la spoliation d’une famille juive. Vingt ans auparavant, Marc a connu le détenteur de ces toiles, Gustave Léger, fils d’Edouard Léger, un collectionneur réputé... Gustave Léger était aveugle et Marc, étudiant fauché, était chargé de lui écrire des textes en rapport avec les tableaux, pour se faire un peu d’argent. Avec beaucoup de réticence, pour découvrir la vérité, Marc reconvoque ses souvenirs de jeunesse liés à la mort tragique de sa sœur Marianne.
Un livre agréable à lire, sans pédanterie, qui donne envie d’aller au musée. Les cinq histoires relatives à chaque tableau et mises en fin du livre commentent joliment les scènes peintes bien au-delà de ce qui est donné à voir...(GM)

Danser au bord de l’abîme
De Grégoire Delacourt Editeur : J-C Lattès, 2016
Emma a une vie rêvée entourée d’un mari aimant et de ses trois enfants, dans une jolie maison. Un jour, dans une brasserie parisienne, elle croise le regard d’Alexandre et c’est le coup de foudre. Ils décident de tout quitter pour partir ensemble...
On voit le périple d’une femme, qui après avoir décidé de tout laisser derrière ell,e et le décès de celui avec qui elle fuyait, décide de ne pas revenir chez elle. On retrouve des situations un peu rocambolesques, sur fond d’œnologie,  de musiques de toute sorte, et surtout l’histoire de la chèvre de monsieur Seguin en recherche de liberté. On passe un bon moment.. (ACM)

Tu comprendras quand tu seras plus grande
De Virginie Grimaldi Editeur : Fayard, 2016
Julia, 32 ans, débarque à Biarritz, sa ville natale, en pleine crise : mort de son père, rupture avec son compagnon, disparition de sa grand-mère,, sont autant de raisons qui l’ont poussée à quitter Paris sur un coup de tête. Elle accepte un remplacement de psychologue dans une maison de retraite « les canaris ». A sa grande surprise, elle découvre peu à peu des personnes âgées pleines de vie, qui profitent de chaque journée qui passe et des collègues.
Roman optimiste, intergénérationnel, facile à lire grâce à ses chapitres très courts. Les personnages sont attachants, très humains et sensibles. La fin est inattendue, les situations sont utopiques mais c’est un livre qui fait du bien. ! (ED)